Amnesty International a lancé un appel urgent pour l’arrêt immédiat des expulsions forcées et des démolitions massives dans les quartiers précaires d’Abidjan. Depuis janvier, ces opérations menées par les autorités du district d’Abidjan ont laissé des milliers de familles sans abri, suscitant une vive critique de la part de l’ONG qui dénonce également l’usage excessif de la force.

Depuis janvier, les autorités du district d’Abidjan ont entrepris une série de démolitions massives dans plusieurs quartiers précaires de la capitale économique ivoirienne, notamment à Gesco, Banco 1, Boribana et Abattoir.Amnesty International a vivement critiqué cette campagne, officiellement destinée à réduire les risques d’inondations et d’éboulements. Selon l’ONG, les autorités mènent ces opérations sans concertation préalable avec les habitants et utilisent une force excessive.

Amnesty International rapporte que les autorités ont déjà expulsé plusieurs dizaines de milliers d’habitants de leurs logements sans consultation ni préavis adéquat.. Les démolitions ont non seulement détruit des habitations et des commerces, mais ont également privé des enfants d’éducation en rasant au moins deux écoles, dont une école coranique dans le quartier Banco 1. Le manque de recensement systématique avant le début des démolitions rend difficile l’indemnisation des victimes, ajoute l’ONG.

Mi-mars, le gouvernement ivoirien avait annoncé des mesures d’aide au relogement, incluant le versement de 250 000 francs CFA (environ 381 euros) par ménage affecté. Cependant, Amnesty International dénonce que les autorités n’ont toujours pas relogé ni indemnisé des milliers de familles pour les pertes subies Ce décalage entre les promesses gouvernementales et la réalité sur le terrain renforce les critiques à l’encontre des autorités.

Face aux critiques, le président Alassane Ouattara a reconnu le 6 août que les décisions prises dans le cadre de ces opérations pouvaient provoquer « des incompréhensions ou même de la colère ». Néanmoins, il a défendu la nécessité de ces mesures pour la sécurité publique, tout en promettant de « minimiser les conséquences » pour les populations concernées. Malgré cela, les tensions restent vives, comme en témoigne l’incident survenu fin juillet à Adjamé Village, où deux personnes ont perdu la vie lors d’affrontements entre les forces de l’ordre et les habitants.

En février, le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) de Côte d’Ivoire avait déjà dénoncé ces expulsions, les qualifiant d’atteintes aux droits fondamentaux. Avec cet appel d’Amnesty International, les autorités ivoiriennes sont une nouvelle fois exhortées à revoir leur approche pour éviter de nouvelles violations des droits humains et pour répondre de manière plus humaine aux défis urbains de la métropole abidjanaise.

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