Plus de 500 civils alaouites ont été tués depuis jeudi 6 mars par les forces de sécurité syriennes et des groupes alliés dans l’ouest du pays, selon le très lourd bilan communiqué par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les exactions ont eu lieu dans la foulée d’une tentative d’insurrection menée par des proches du régime déchu de Bachar el-Assad. Des violences d’une ampleur inédite depuis que le pouvoir syrien a changé de mains.
Des habitants de la province de Lattaquié ont transmis à RFI des témoignages sonores très durs, tout en demandant à rester anonymes. Ce même témoin affirme n’avoir aucun lien avec l’armée de l’ancien régime syrien. Une femme décrit des cadavres dans les rues et précise que les auteurs des massacres empêchent les survivants de récupérer ces dépouilles. Plusieurs interlocuteurs soutiennent que les responsables des violences ne parlaient pas avec l’accent syrien, ce qui confirmerait la présence de combattants étrangers parmi eux.
Manque de contrôle du pouvoir syrien
Les troupes envoyées par Damas pour combattre des partisans de l’ancien régime syrien ont commis ces exactions. Ce samedi, l’Observatoire syrien des droits de l’homme a annoncé un « retour au calme relatif » dans la région, tout en précisant que les forces de sécurité continuaient leur « ratissage dans les zones où se retranchent les hommes armés », avec l’envoi de renforts. Tôt samedi, l’agence officielle syrienne Sana a rapporté que les forces de sécurité avaient repoussé « une attaque menée par les résidus du régime déchu » contre l’hôpital national de la ville de Lattaquié. Selon lui, cette situation pourrait affaiblir considérablement le régime.
« Vendredi soir, les unités chargées de la sécurité intérieure ont protégé des quartiers alaouites de Homs pour éviter des représailles de la population contre ces quartiers », rapporte un chercheur.
Quel rôle pour les anciens hauts gradés du régime d’Assad ?
L’escalade a commencé après une attaque sanglante menée par des fidèles de Bachar al-Assad contre des forces de sécurité dans la ville côtière de Jablé, dans la nuit de jeudi à vendredi, selon les autorités. Le lendemain, les forces de sécurité ont envoyé des renforts et lancé d’importantes opérations de ratissage dans la région. À Jablé, elles ont capturé jeudi Ibrahim Houweïja, ancien chef des services de renseignement de l’armée de l’air, accusé de « centaines d’assassinats » sous Hafez al-Assad, père de Bachar al-Assad, selon Sana. Le directeur provincial de la sécurité a également précisé que les forces gouvernementales avaient affronté des hommes armés fidèles à Souheil al-Hassan, commandant des forces spéciales de l’ère Assad surnommé « le Tigre », dans un autre village de la région, Beit Aana.
