La justice sénégalaise a ouvert des enquêtes contre plusieurs anciens ministres du régime de Macky Sall, soupçonnés de malversations dans la gestion du Fonds de riposte contre les effets du Covid-19. Ces procédures font suite aux recommandations de la Cour des comptes, qui a relevé des irrégularités dans l’utilisation de ces fonds publics.
Dans son rapport publié en décembre 2022, la Cour des comptes du Sénégal a mis en lumière des anomalies dans la gestion du Fonds de riposte contre les effets du Covid-19, d’un montant de 1 000 milliards de francs CFA. Elle a recommandé l’ouverture d’informations judiciaires contre plusieurs responsables, dont des ministres en fonction à l’époque.
Parmi les ministres visés figurent :
- Mansour Faye, ancien ministre du Développement communautaire, pour une surfacturation présumée de 2,75 milliards de francs CFA sur le prix du riz.
- Abdoulaye Diouf Sarr, ancien ministre de la Santé, dont le département est accusé de défaut de justification de dépenses.
- Abdoulaye Daouda Diallo, ancien ministre des Finances, impliqué dans la gestion globale des fonds.
- Aïssatou Sophie Gladima, ancienne ministre du Pétrole et de l’Énergie, pour des dépenses non éligibles.
- Matar Bâ, ancien ministre des Sports, dont le ministère est concerné par des irrégularités dans l’utilisation des fonds
Les accusations portent sur des dépenses non justifiées, des surfacturations et des paiements pour des services non exécutés. La Cour des comptes a également relevé que des directeurs de l’administration générale et de l’équipement (DAGE) de plusieurs ministères ont été impliqués dans ces irrégularités.
En réponse à ces révélations, 29 députés de l’opposition ont déposé une requête visant à traduire ces anciens ministres devant la Haute Cour de justice. Cette juridiction est compétente pour juger les membres du gouvernement pour des infractions commises dans l’exercice de leurs fonctions.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la politique de « rupture » prônée par les nouvelles autorités sénégalaises, qui ont fait de la lutte contre la corruption une priorité. Le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko ont affirmé leur volonté de traquer les responsables de malversations financières et de renforcer la transparence dans la gestion des affaires publiques.
Toutefois, certains observateurs s’interrogent sur la portée de ces poursuites, craignant qu’elles ne soient perçues comme une « chasse aux sorcières » visant les anciens cadres du régime précédent. Il est donc crucial que les procédures judiciaires se déroulent dans le respect des droits des accusés et des principes de l’État de droit.