Du 9 au 11 juillet, les présidents du Sénégal, du Liberia, du Gabon, de la Mauritanie et de la Guinée-Bissau participent à un sommet inédit à Washington, à l’invitation de Donald Trump. Objectif : renforcer les partenariats économiques, sécuritaires et diplomatiques dans un contexte de rivalité géopolitique avec la Chine et la Russie.


Une rencontre inédite au sommet

Pour la première fois depuis son retour sur la scène politique américaine, Donald Trump reçoit cinq chefs d’État africains à Washington pour un sommet de trois jours, du 9 au 11 juillet. Il a convié Bassirou Diomaye Faye (Sénégal), Joseph Boakai (Liberia), Brice Clotaire Oligui Nguema (Gabon), Mohamed Ould Ghazouani (Mauritanie) et Umaro Sissoco Embaló (Guinée-Bissau) à un « dialogue de haut niveau » suivi d’un « déjeuner de travail ».

Selon un haut responsable de l’administration Trump, cette initiative vise à instaurer « un dialogue ouvert avec les nations africaines », à « écouter leurs priorités » et à « poser les bases de nouveaux partenariats économiques », notamment en stimulant l’investissement privé américain sur le continent.


Ressources stratégiques contre coopération sécuritaire

Derrière cette main tendue, un enjeu stratégique majeur : l’accès aux ressources naturelles africaines, notamment les minerais rares. Les pays invités ne sont pas les plus peuplés du continent, mais ils regorgent de richesses souterraines peu ou mal exploitées. Le Gabon, par exemple, dispose de gisements de manganèse et d’uranium encore largement inexploités.

Donald Trump espère négocier un accès privilégié à ces ressources, en contrepartie d’un soutien sécuritaire accru, notamment contre la piraterie dans le Golfe de Guinée. En toile de fond : la volonté des États-Unis de contrer l’influence grandissante de la Chine et de la Russie en Afrique de l’Ouest.


Migration et dette : les priorités de Dakar

Pour le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, cette visite représente un moment clé. Selon des sources diplomatiques, il compte plaider auprès de Donald Trump un soutien américain au déblocage du prêt de 1,8 milliard de dollars du FMI, suspendu depuis plus d’un an. Le Sénégal, dont la dette publique frôle les 111,4 % du PIB, cherche désespérément à retrouver une marge budgétaire pour relancer son économie.

Autre dossier brûlant : la menace d’un nouveau “travel ban” visant le Sénégal et 24 autres pays africains. En cause : l’afflux massif de migrants sénégalais à la frontière américano-mexicaine — plus de 20 000 interpellations entre janvier et juillet 2024, un chiffre dix fois supérieur à celui de 2022. Avec plus de 30 000 Sénégalais vivant aux États-Unis, dont les envois de fonds dépassent l’aide publique au développement, Dakar entend éviter toute mesure qui fragiliserait davantage son tissu social et économique.


Une rencontre test pour les relations Afrique–États-Unis

Ce mini-sommet s’annonce comme un test diplomatique majeur : pour Donald Trump, il s’agit d’imposer son leadership sur un continent stratégique ; pour les chefs d’État africains, l’occasion est rêvée de faire valoir leurs intérêts dans un contexte de plus en plus tendu sur le plan international.

Reste à savoir si la promesse d’un partenariat “gagnant-gagnant” saura résister aux logiques de puissance et aux exigences de Washington.

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