Dans plusieurs localités du Sénégal, la gestion municipale est marquée par une inefficacité criante. Malgré les nombreuses plaintes des populations, peu de mécanismes de contrôle sont activés, et les sanctions restent quasi inexistantes. Un déficit de redevabilité qui interpelle.
Alors que les collectivités territoriales ont été pensées comme des leviers de développement local, certaines mairies peinent à répondre aux besoins élémentaires des populations : ordures non collectées, infrastructures abandonnées, éclairage public défaillant, lenteurs administratives, voire détournements présumés de fonds. Pourtant, les budgets sont souvent votés, les ressources allouées, et les attentes, elles, ne cessent de croître.
Ce constat d’inefficacité est renforcé par l’absence de mécanismes de contrôle effectif. La Cour des comptes, les inspections générales ou les corps de contrôle administratif sont trop rarement saisis, et lorsqu’ils le sont, les rapports produits restent souvent lettre morte. Peu de maires sont interpellés, encore moins poursuivis ou démis, malgré des indices graves de mauvaise gestion.
Dans certaines communes, les conseils municipaux sont réduits au silence, incapables de jouer leur rôle de contre-pouvoir. Les citoyens, eux, n’ont que peu de recours pour exiger des comptes, faute de transparence sur la gestion locale. Le contrôle citoyen est entravé par l’opacité des budgets, le clientélisme et le manque de culture démocratique à l’échelle locale.
Cette situation soulève une question fondamentale : à quoi sert la décentralisation si les instruments de gouvernance ne sont pas accompagnés d’une exigence de résultats et d’une capacité à sanctionner ? En l’absence de contrôle et de redevabilité, l’impunité s’installe, décourage les bonnes pratiques et mine la confiance entre élus et électeurs.
Face à cette crise silencieuse de la gestion municipale, il devient urgent de renforcer les outils d’audit, d’imposer des obligations de résultats, et d’associer davantage les citoyens à la gestion de leur commune. Le développement local ne peut être assuré sans une culture d’efficacité, de transparence et de sanction, condition sine qua non pour faire des mairies de véritables moteurs de progrès social et économique.