Le président ivoirien Alassane Ouattara a officiellement annoncé sa candidature pour un quatrième mandat présidentiel. Une décision qui relance le débat sur les limites du pouvoir en Afrique de l’Ouest et interroge la vitalité démocratique de la Côte d’Ivoire.
En déclarant sa volonté de briguer un nouveau mandat, Alassane Ouattara ravive une controverse déjà ancienne. S’il affirme agir « par devoir » pour la stabilité du pays, de nombreux observateurs et opposants dénoncent une dérive autoritaire masquée par des artifices juridiques. La Constitution ivoirienne, révisée en 2016, limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Mais le président sortant estime que ce nouveau texte lui offre un « reset » institutionnel, lui permettant de se représenter sans enfreindre la loi.
Cette annonce, bien qu’attendue par certains partisans, suscite de vives critiques. Plusieurs voix dénoncent un affaiblissement des principes démocratiques, accusant le président de vouloir s’éterniser au pouvoir sous couvert de légalité. La société civile et une partie de la jeunesse expriment leur désillusion face à ce qu’ils perçoivent comme une confiscation du jeu politique.
Sur le plan régional, cette candidature risque d’alimenter une dynamique déjà préoccupante dans la CEDEAO, où les révisions constitutionnelles à visée personnelle se multiplient. Elle met également à l’épreuve la crédibilité des institutions ivoiriennes, chargées d’arbitrer un processus électoral qui s’annonce tendu.
Le choix d’Alassane Ouattara de se présenter à nouveau pose une question fondamentale : la démocratie se résume-t-elle au strict respect des textes ou exige-t-elle une éthique du pouvoir, fondée sur l’alternance, la limitation des mandats et l’exemplarité ? À moins d’un an du scrutin, la réponse reste en suspens — mais les tensions, elles, sont déjà palpables.