Alors que l’éducation est censée être un levier d’ascension sociale, le Sénégal fait face à une prolifération inquiétante d’écoles de formation et d’universités dont les diplômes ne sont pas reconnus par l’État. Derrière des enseignes séduisantes et des promesses de réussite, des milliers de jeunes se retrouvent piégés par des institutions sans accréditation officielle.

Dans les grandes villes comme Dakar, Thiès ou Saint-Louis, mais aussi dans les zones périphériques, des établissements privés poussent comme des champignons. Certains opèrent sans autorisation, d’autres ont reçu des récépissés provisoires mais n’ont jamais finalisé leur homologation. Résultat : leurs étudiants se retrouvent, au bout de plusieurs années de formation, avec des parchemins sans aucune valeur administrative ni professionnelle.

Cette situation engendre des drames humains. Des familles modestes investissent leurs économies dans l’espoir de garantir un avenir meilleur à leurs enfants, pour ensuite découvrir que ces derniers ne peuvent ni intégrer la fonction publique, ni poursuivre leurs études dans des établissements reconnus. Le désespoir se mêle à la colère, nourrissant un sentiment d’injustice et de trahison.

Face à ce phénomène, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation appelle à la vigilance. Des listes d’établissements agréés sont régulièrement publiées, mais elles restent souvent méconnues du grand public. De plus, les sanctions contre les structures illégales sont rares et peu dissuasives, ce qui entretient un climat d’impunité.

Dans un pays où la jeunesse constitue la majorité de la population, et où le chômage des diplômés est déjà une bombe sociale, la prolifération des écoles non reconnues aggrave les frustrations et creuse le fossé entre espoirs et réalités. Il devient urgent de renforcer les contrôles, de fermer les établissements frauduleux, mais aussi de mieux informer les familles et les élèves sur leurs droits et sur les critères de reconnaissance académique.

L’éducation ne peut être un marché comme un autre. Elle est un bien public, une promesse nationale. La préserver de la spéculation et de la fraude, c’est protéger l’avenir du pays.

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