Adjointe secrétaire générale nationale de la Jeunesse Patriotique du Sénégal (JPS), Salimata Dieng a été démise de ses fonctions de chargée de mission à la Présidence de la République. En cause : un post Facebook virulent dans lequel elle dénonce le « laxisme » du parti PASTEF au pouvoir, et fustige la gestion du Président Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko.

Le vent de la liberté d’expression a ses limites, même au sein des rangs du pouvoir. Salimata Dieng, figure montante de la Jeunesse Patriotique du Sénégal (JPS) et fervente militante du parti au pouvoir, PASTEF, vient d’en faire les frais. Elle a été remerciée de ses fonctions de chargée de mission à la Présidence de la République, suite à une publication Facebook jugée « polémique » et trop critique à l’égard de l’exécutif.

Dans ce long post, qui a rapidement fait le tour des réseaux sociaux, Salimata Dieng ne mâche pas ses mots. Elle déplore un « laxisme grandissant » au sein du parti, « jadis le plus dynamique du Sénégal et de l’Afrique », et accuse les responsables actuels de marginaliser les jeunes et de mal gérer les ressources humaines du mouvement.

Parmi les griefs soulevés, la militante pointe :

  • Le manque d’accompagnement des ex-détenus du parti ;
  • La mise à l’écart de militants formés et compétents ;
  • La stagnation de jeunes cadres cantonnés à des fonctions sans contenu.

Plus encore, elle s’interroge sur « la rigueur des choix de profils » opérés pour les postes stratégiques et fustige un parti « aphone », dont la direction politique serait « sans orientation claire », totalement dépendante du leadership d’Ousmane Sonko.

Avec des mots forts et des citations de Joseph Stiglitz ou Elvis Adjahoungba, Dieng rappelle l’engagement profond de la jeunesse patriotique dans l’ascension du PASTEF au pouvoir. Elle évoque un plan stratégique soumis dès les premiers mois de gouvernance, resté depuis lettre morte, alors que d’autres profils « moins engagés » auraient été priorisés.

Une prise de position qui n’a manifestement pas plu aux hautes sphères. Moins de 48 heures après sa publication, la Présidence a notifié à Salimata Dieng la fin de sa mission. Un limogeage qui pose une question délicate : y a-t-il encore de la place pour la critique constructive au sein du pouvoir incarné par les anciens opposants ?

Dans les milieux militants, les réactions sont partagées. Certains saluent le courage de la jeune femme, d’autres critiquent la manière, jugeant qu’un tel coup de gueule aurait dû rester en interne. Une chose est certaine : cette affaire met en lumière les tensions croissantes entre la base militante et les sommets du pouvoir, à peine un an et demi après la victoire électorale historique du duo Diomaye-Sonko.

Si la jeunesse a porté le projet PASTEF, elle semble aujourd’hui réclamer sa juste place dans la gouvernance. Et la mise à l’écart de Salimata Dieng pourrait bien ouvrir un débat plus large sur la gestion interne du parti, son rapport à la critique, et la place qu’il entend réellement accorder à ses jeunes militants dans l’architecture politique du pays.

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