Les Camerounais ont voté dimanche pour élire leur président.
Paul Biya, 92 ans, reste le grand favori.
Face à lui, onze candidats espèrent créer la surprise.
Parmi eux figure son ancien ministre Issa Tchiroma Bakary, qui suscite un engouement inattendu.

Un scrutin à un tour sous haute surveillance

Les bureaux de vote ont ouvert à 8h00, heure locale.
Ils fermeront à 17h00 GMT pour ce scrutin à un tour.
La plupart des Camerounais n’ont connu que le règne de Biya, au pouvoir depuis 1982.
Depuis vingt ans, il remporte chaque élection avec plus de 70 % des voix.

Des électeurs partagés entre espoir et scepticisme

Ismael Imoua, entrepreneur à Yaoundé, a voté dès l’ouverture.
Il dit voter « pour le changement » d’un président qu’il juge « trop vieux ».
Peu d’électeurs se pressaient encore le matin, mais la journée ne faisait que commencer.
Pour beaucoup, la méfiance reste forte face au système électoral.
Le politologue Stéphane Akoa rappelle que le pouvoir dispose de vastes moyens d’influence.

Une campagne plus animée que d’habitude

Selon Akoa, la campagne a été plus vivante que les précédentes.
Il estime que cette élection pourrait réserver des surprises.
En 2024, 40 % des Camerounais vivaient sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.
Ce contexte social nourrit un désir de changement.
Le Conseil constitutionnel publiera les résultats définitifs avant le 26 octobre.

Paul Biya reste discret mais présent

Paul Biya a peu participé à la campagne.
Il est réapparu mardi pour un grand meeting à Maroua.
Cette région stratégique compte plus de 1,2 million d’électeurs.
Le président y est apparu en bonne santé, fidèle à son style réservé.

Tchiroma Bakary, le challenger inattendu

Issa Tchiroma Bakary, 79 ans, a quitté le gouvernement en juin.
Il a rejoint l’opposition après vingt ans auprès de Biya.
Jeudi soir, il a tenu un grand meeting à Maroua, sa région natale.
Des milliers de partisans l’ont accueilli en scandant « Tchiroma le Sauveur ».
Le contraste avec la faible affluence du meeting de Biya était saisissant.

Des candidatures écartées et des doutes persistants

Le principal opposant de Biya, Maurice Kamto, a vu sa candidature rejetée.
Des ONG comme Human Rights Watch ont dénoncé un manque de crédibilité électorale.
Elles craignent une manipulation des résultats au profit du pouvoir en place.

Les jeunes entre espoir et résignation

Le chômage atteint 35 % dans les grandes villes.
Beaucoup de Camerounais dénoncent le « système Biya » jugé immuable.
Pourtant, de nombreux jeunes se mobilisent pour voter.
Selon Akoa, cela traduit « un signal positif de changement ».
Mais il doute d’un mouvement de rue comparable à Madagascar ou en Tunisie.

Des frustrations contenues mais réelles

Les citoyens dénoncent la cherté de la vie et la mauvaise qualité des services.
L’eau potable, la santé et l’éducation demeurent insuffisantes.
Ces frustrations s’expriment surtout sur les réseaux sociaux, rarement dans la rue.

Observateurs et tensions autour du dépouillement

Le ministère a autorisé 55 000 observateurs, dont ceux de l’Union africaine.
Plusieurs plateformes veulent compiler les résultats de façon indépendante.
Le gouvernement les accuse de vouloir manipuler l’opinion et fausser les chiffres.
Les autorités promettent un scrutin « transparent et crédible ».

Un vote sous la menace du conflit anglophone

Le scrutin se déroule sur fond de violences dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.
Les affrontements entre séparatistes et forces gouvernementales persistent.
En 2018, ces régions avaient enregistré une abstention massive.
Cette fois encore, la peur pourrait freiner la participation.

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