Le Sénégal rejoint le Gabon et le Mozambique dans le trio des pays africains au bord de la faillite, selon une analyse publiée par Bloomberg. Les marchés financiers internationaux classent désormais le pays parmi les émetteurs en situation de détresse souveraine, une position inédite pour cette économie autrefois considérée comme stable et disciplinée.


Des indicateurs au rouge vif

Les obligations souveraines sénégalaises ont chuté à des niveaux historiquement bas, tandis que la prime de risque par rapport aux bons du Trésor américain s’est envolée à 1 077 points de base.
Ce seuil dépasse le niveau critique de 1 000 points, généralement interprété comme le signal d’un risque de défaut imminent.

👉 À titre de comparaison :

  • Le Mozambique affiche un écart de 965 points,
  • Le Gabon a franchi la barre des 1 000 points début novembre.

Cette envolée traduit la perte de confiance des investisseurs et une flambée des taux de rendement, dépassant désormais 20 % sur certaines obligations sénégalaises à long terme.


Les causes d’une crise de confiance

Trois facteurs expliquent cette dégradation rapide de la perception du Sénégal sur les marchés :

  1. Un audit explosif des finances publiques a révélé des dettes cachées héritées de l’administration précédente, propulsant le ratio dette/PIB au-dessus de 130 %.
  2. Le programme d’aide du FMI a été suspendu, faute d’accord sur les nouvelles conditions.
  3. La position politique du gouvernement, incarnée par le Premier ministre Ousmane Sonko, a accentué la défiance : ce dernier a refusé publiquement toute idée de restructuration de la dette, la qualifiant de « honte nationale ».

Ces déclarations, perçues comme un signal d’inflexibilité politique, ont effrayé les investisseurs internationaux, qui redoutent une crise de paiement si le pays ne parvient pas à refinancer sa dette.


Des conséquences économiques immédiates

Avec une prime de risque aussi élevée, le Sénégal devient quasi exclu des marchés internationaux de capitaux.
Conséquences :

  • Coût d’emprunt insoutenable pour l’État,
  • Pression accrue sur le budget national,
  • Réduction des marges de manœuvre budgétaires pour financer les projets sociaux et d’infrastructure.

Le pays est désormais confronté à une dilemme budgétaire majeur :
👉 soit mobiliser rapidement des ressources internes (fiscalité, emprunts domestiques),
👉 soit admettre la nécessité d’une restructuration partielle de la dette — scénario politiquement sensible mais économiquement incontournable selon plusieurs experts.


Quelle issue pour le Sénégal ?

Le gouvernement affirme privilégier l’autonomie financière et la mobilisation des ressources internes pour éviter un défaut. Mais les analystes préviennent : sans rétablissement de la confiance des créanciers et transparence budgétaire accrue, le pays risque de basculer dans une crise de paiements comparable à celle du Ghana en 2022.

« Le Sénégal ne peut plus se permettre le luxe de l’orgueil financier. La confiance se regagne par la rigueur et la transparence, pas par la confrontation », estime un économiste de la BCEAO.

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