La digitalisation s’impose désormais comme un pilier central de la réforme foncière au Sénégal. À l’occasion de la 32ᵉ édition de la Foire internationale de Dakar (FIDAK), la Direction générale des Impôts et des Domaines (DGID) a réaffirmé sa volonté de transformer en profondeur la gestion foncière, lors d’un panel consacré à la dématérialisation des procédures foncières, tenu ce mardi 23 décembre 2025.
Cette orientation marque une rupture assumée avec un secteur longtemps caractérisé par la lourdeur administrative, les lenteurs et la multiplication des litiges.
Le numérique comme levier de transparence et de confiance
Face à un public composé d’acteurs institutionnels, de professionnels du foncier et d’étudiants, la DGID a exposé sa vision : faire du numérique un outil de transparence, de sécurité juridique et de restauration de la confiance citoyenne.
Dans un contexte où l’accès à la terre demeure un enjeu social et économique sensible, la réforme vise à rompre avec les pratiques manuelles, souvent à l’origine de doublons, d’erreurs et de conflits fonciers récurrents.
PROCASEF et SIFCOM : une réforme déjà à l’œuvre sur le terrain
Au cœur de cette transformation figure le Projet de Cadastre et de Sécurisation Foncière (PROCASEF). Déployé dans 136 communes pilotes, ce programme introduit le Système d’Information Foncière Communal (SIFCOM).
Ce dispositif permet aux collectivités territoriales de :
- produire des délibérations foncières sécurisées,
- s’appuyer sur des données fiables et géolocalisées,
- améliorer la traçabilité des décisions foncières.
À terme, le SIFCOM est appelé à être généralisé à l’ensemble du territoire national.
Restaurer la transparence dans un secteur sensible
Inspecteur des Impôts et des Domaines, Serigne Moussa Diop a rappelé que la digitalisation répond à une urgence majeure :
« Restaurer la transparence et la confiance dans un secteur miné par les lourdeurs administratives et les litiges récurrents. »
Il a souligné que la DGID joue un double rôle stratégique — mobilisation des recettes fiscales et gouvernance foncière — qui exige aujourd’hui des procédures fiables, traçables et sécurisées. La dématérialisation apparaît ainsi comme un moyen de réduire les erreurs, simplifier les démarches et faciliter l’accès des citoyens à la propriété foncière.
Le cadastre, socle technique de la réforme
Pour le Directeur du Cadastre, François Ndiaye, la réforme foncière ne peut être durable sans une base technique robuste. Il a mis en exergue les investissements réalisés ces dernières années :
- drones,
- imagerie satellite,
- cartographie numérique,
- intégration des données géographiques.
L’objectif est de mieux relier le droit foncier à la réalité physique du terrain, condition indispensable pour limiter les conflits et améliorer la planification territoriale. À ce titre, la Direction du Cadastre est appelée à devenir le centre névralgique de la gouvernance foncière, garantissant la pérennité des projets au-delà de leur phase pilote.
Vers un livre foncier électronique
Autre avancée majeure annoncée : la mise en place d’un livre foncier électronique. Destiné à remplacer les registres papier encore utilisés dans les conservations foncières, ce système reposera sur :
- la gestion électronique des données,
- une signature numérique hautement sécurisée.
Les objectifs sont clairs : accélérer les procédures, renforcer la traçabilité et réduire les risques de fraude ou de perte d’informations.
Une réforme concertée et alignée sur le New Deal de l’État
Notaires, géomètres-experts, universitaires et structures de formation ont activement participé aux échanges, illustrant la nécessité d’une approche inclusive et concertée.
Inscrite parmi les priorités du « New Deal » de l’État, la digitalisation du foncier ambitionne de simplifier les démarches administratives, renforcer l’équité et faire de la terre un véritable facteur de stabilité, de sécurité juridique et de développement inclusif.
