Seydi Gassama, Directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, a exprimé son désaccord avec l’Union des magistrats sénégalais (UMS) concernant la réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) qui propose de retirer l’exécutif de cette instance. Selon Gassama, « tous les affrontements que nous avons eus depuis 2022 sont dus au manque de confiance des Sénégalais en la justice. La présence du chef de l’État dans cette instance laisse toujours penser que ses décisions sont influencées par l’exécutif, notamment en ce qui concerne la nomination des magistrats et les décisions rendues ».
Gassama estime que « pour éviter cela, il faut que le chef de l’État se retire et laisse les magistrats gérer leurs propres affaires. Les magistrats sont très conservateurs ». Il critique la position de l’UMS, la qualifiant de réfractaire au changement : « Ils veulent rester sous la coupe de l’exécutif qui leur accorde des faveurs. C’est fini ! Ils doivent, comme tous les travailleurs, exercer leurs droits syndicaux et revendiquer ; c’est cela qui leur permettra d’être indépendants ».
Gassama se réjouit néanmoins que la réforme ne concerne pas uniquement les magistrats : « Ils ne sont pas les seuls à avoir droit au chapitre. Ce ne sont pas eux qui font les lois. Une fois que celles-ci sont votées à l’Assemblée, il faut les appliquer. Les magistrats doivent accepter d’être indépendants. Comme les magistrats du Mali, ils doivent être libres, avec des syndicats. Les magistrats en France sont syndiqués. Pourquoi, au Sénégal, refuse-t-on qu’il en soit ainsi ? », s’interroge-t-il.
Par ailleurs, Amnesty International Sénégal inclut dans ses propositions pour ces assises la dépénalisation des délits de presse et de l’offense au chef de l’État.