Une interpellation controversée
L’interpellation de Maïmouna Ndour Faye et Babacar Fall a relancé le débat juridique.
Les deux journalistes avaient diffusé une interview de Madiambal Diagne, recherché par la justice.
Arrêtés, puis relâchés, ils ont été accusés d’avoir facilité sa communication.
Mais selon le magistrat à la retraite Ousmane Kane, aucune loi ne les incrimine.
« Interviewer n’est pas un crime »
Ousmane Kane rappelle un principe clair du droit sénégalais.
« Aucun texte n’interdit d’interviewer une personne recherchée », affirme-t-il.
Il précise : « Tant que le journaliste ne l’aide pas à fuir ou à se cacher. »
Selon lui, les faits reprochés ne constituent aucune infraction pénale.
Ce que dit réellement le Code pénal
L’ancien président de la Cour d’appel de Kaolack cite l’article 47 du Code pénal.
Le texte punit uniquement ceux qui hébergent ou protègent un fugitif.
« Le paragraphe 1 vise ceux qui offrent un refuge à des malfaiteurs », explique-t-il.
« Le paragraphe 2 sanctionne ceux qui aident une personne recherchée à se cacher. »
Pour lui, ces dispositions ne concernent pas l’exercice journalistique.
Informer sans protéger : la nuance essentielle
Ousmane Kane distingue clairement la complicité de l’information.
« La loi réprime l’aide active, pas la diffusion d’une interview », tranche-t-il.
Il cite un exemple célèbre : Jacques Mesrine, criminel français interviewé par Paris Match.
« Le média n’avait pas été inquiété, malgré la cavale du suspect », rappelle-t-il.
Pour lui, cette affaire montre que la liberté d’informer a ses limites, mais reste légitime.
La liberté de la presse, un équilibre délicat
Le magistrat souligne que cette liberté s’accompagne de devoirs.
Il évoque une journaliste du New York Times emprisonnée pour avoir protégé une source.
« La responsabilité et la mesure doivent guider le travail du journaliste », insiste-t-il.
Un appel au discernement des autorités
Concernant le dossier Madiambal Diagne, Ousmane Kane voit une opportunité.
Selon lui, cette affaire pourrait même renforcer la défense du journaliste en France.
Sans viser directement le pouvoir, il appelle à la rigueur juridique.
« L’État de droit se juge à la cohérence de ses actes », conclut-il.
