L’ancien coordonnateur du Programme des domaines agricoles communautaires (PRODAC), Pape Malick Ndour, a été arrêté jeudi par la Division des investigations criminelles (DIC) sur délégation du juge d’instruction. Il est poursuivi pour association de malfaiteurs, escroquerie sur les deniers publics et blanchiment de capitaux.
Une interpellation surprise, survenue alors que l’instruction semblait toucher à sa fin, et qui relance spectaculairement un dossier aux ramifications politiques et financières multiples.
Un rebondissement judiciaire inattendu
Alors que le parquet financier s’apprêtait à rendre son réquisitoire définitif, marquant la fin de l’enquête, il a finalement transmis un supplétif — un acte de poursuite complémentaire — au président du Collège des juges d’instruction.
Une démarche rare, qui prolonge l’enquête et ouvre la voie à de nouvelles inculpations.
Un dossier né d’un rapport accablant
Le scandale du PRODAC trouve son origine dans un rapport explosif de l’Inspection générale des finances (IGF), révélant de graves irrégularités dans la gestion du programme.
Ce rapport avait conduit le Pool financier à ouvrir une information judiciaire pour détournement présumé de fonds publics.
Le 11 novembre 2024, Mamina Daffé, ancien coordonnateur du PRODAC, et Ibrahima Cissé, gérant de la société Tida, avaient été placés sous mandat de dépôt pour escroquerie sur les deniers publics, faux et usage de faux et blanchiment de capitaux.
Quelques semaines plus tard, une expertise financière avait été confiée au cabinet Adr, chargée d’évaluer l’ampleur des anomalies et de retracer les flux suspects.
Mais au lieu de clôturer le dossier, le parquet a préféré étendre le champ des poursuites, sur la base des conclusions explosives de cette expertise.
Un réseau d’accusations en cascade
Le nouveau supplétif ne vise pas uniquement Pape Malick Ndour. Il met également en cause Khadim Ba, patron de Locafrique, déjà incarcéré dans une autre affaire douanière.
Le parquet sollicite leur inculpation, leur placement sous mandat de dépôt, ainsi qu’une interdiction de sortie du territoire pour Pape Malick Ndour, également responsable régional des cadres de l’APR.
Les enquêteurs s’appuient sur un virement suspect de 2,7 milliards de francs CFA effectué au profit de la société Green 2000, sur la base de factures pro forma sans trace de livraison du matériel agricole.
Mais le plus gros scandale viendrait d’un second virement de 16,8 milliards de francs CFA vers la même société israélienne, dont les dirigeants ont disparu.
Faute de justification économique, ces mouvements financiers sont désormais assimilés à un schéma de blanchiment et de rétrocommissions à grande échelle.
Un dossier loin d’être clos
Avec ce supplétif, le dossier PRODAC entre dans une nouvelle phase judiciaire.
L’affaire, qui paraissait sur le point d’être classée, repart sur de nouvelles bases, promettant de nouveaux développements et, peut-être, de nouvelles inculpations dans les prochains jours.
