Le baril de pétrole est tombé sous la barre des 60 dollars (environ 35 644 F CFA), un seuil jamais atteint depuis février 2021. Cette chute, déclenchée par la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, suscite un double sentiment au Sénégal, nouvel entrant dans le cercle des pays producteurs.
« C’est un couteau à double tranchant », alerte Adama Diallo, député et ancien directeur général de Petrosen Holding, dans une interview accordée à L’Observateur ce jeudi 10 avril.
Bonne nouvelle : une bouffée d’air pour les finances publiques
La baisse des cours allège mécaniquement le niveau des subventions que l’État consacre à l’énergie, ce qui est une bonne nouvelle dans un contexte de tensions budgétaires.
« Le prix réel du carburant comprend la subvention de l’État et le prix à la pompe. Aujourd’hui, le prix à la pompe reste stable, car l’État absorbe la baisse du baril à travers une réduction de la subvention », explique Adama Diallo.
- Le gasoil est resté à 775 F CFA/litre
- Le Super à 990 F CFA/litre
- Ces tarifs avaient été calculés sur la base d’un baril à 100 dollars (près de 60 000 F CFA)
« C’est une politique conforme aux recommandations du FMI», précise-t-il.
Mauvaise nouvelle : le projet Sangomar menacé ?
Mais cette chute du cours du pétrole fait aussi planer une ombre sur la viabilité du projet Sangomar, censé générer des recettes importantes pour l’État sénégalais.
« La rentabilité du projet a été établie sur une base de 60 dollars le baril. En dessous, les recettes fiscales et pétrolières prévues risquent de ne pas être atteintes, ce qui pourrait obliger l’État à revoir ses projections », avertit le parlementaire.
Il évoque même une possible loi de finances rectificative, si les prix ne remontent pas rapidement.
Entre équilibre budgétaire et ambitions énergétiques
Le Sénégal se retrouve donc dans une position délicate :
- Moins de subventions = plus de marge budgétaire à court terme
- Moins de revenus pétroliers = moindre financement des grands projets et politiques sociales
La question centrale reste : combien de temps le prix du baril restera-t-il sous ce seuil critique ? Et surtout, le Sénégal saura-t-il adapter sa stratégie énergétique et budgétaire à cette nouvelle donne mondiale ?