Moqueries, commentaires déplacés, jugements sur l’apparence physique… Le body shaming prend de l’ampleur au Sénégal, notamment sur les réseaux sociaux. Cette violence verbale et psychologique touche femmes, hommes et adolescents, avec des conséquences parfois graves sur leur estime de soi et leur santé mentale.
Au Sénégal, le culte du corps parfait s’impose de plus en plus, souvent dicté par des standards importés ou véhiculés sur Internet. Résultat : toute personne qui sort de cette norme devient une cible. Trop maigre, trop gros, trop foncé, trop musclé ou pas assez : les critiques pleuvent. Le body shaming — cette pratique qui consiste à humilier ou rabaisser quelqu’un à cause de son apparence physique — s’est banalisé.
Fatou, étudiante à Dakar, raconte comment elle a été harcelée à cause de sa prise de poids. « On m’a traitée de ‘tonneau’ dans un commentaire sous ma photo. Depuis, je n’ose plus rien poster », confie-t-elle. Comme elle, de nombreuses jeunes filles souffrent en silence, perdent confiance en elles ou basculent dans des troubles alimentaires.
Mais les femmes ne sont pas les seules victimes. Les hommes subissent aussi des moqueries : trop petits, pas assez musclés, ou encore trop clairs de peau. Chez les jeunes, les effets sont parfois dramatiques. Certains sombrent dans la dépression, d’autres s’isolent, voire abandonnent leurs études ou leur activité professionnelle.
Les réseaux sociaux alimentent ce phénomène. Des pages ou profils influents publient régulièrement des photos de personnes pour se moquer d’elles, en quête de likes ou de buzz. Ce cyberharcèlement laisse des traces durables. Le manque de régulation et de sensibilisation aggrave la situation.
Face à cela, la société sénégalaise doit réagir. L’éducation à la tolérance corporelle doit commencer dès l’école. Les médias et influenceurs doivent promouvoir des discours inclusifs et responsables. Le gouvernement peut, de son côté, renforcer les lois contre les atteintes à la dignité sur les réseaux et soutenir les victimes.
Le body shaming n’est pas un simple jeu de mots blessants : c’est une violence psychologique qui détruit des vies. En tant que société, nous devons défendre la diversité des corps et bannir la moquerie. L’apparence ne doit jamais être une excuse pour humilier.
