Un effondrement brutal du secteur

Le secteur du BTP sénégalais est à l’agonie. Les commandes chutent, les licenciements explosent et l’État ne paie plus ses dettes. Résultat : des entreprises étranglées, un chômage en hausse et une économie au ralenti.

« Le Sénégal est en pause économique », alerte Frantz Champin, consultant basé sur la Petite-Côte.

Commandes en chute libre et entreprises fragilisées

Le Consortium d’Entreprises du Sénégal (CSE) illustre cette crise.

En 11 mois, son carnet de commandes chute de 140 à 20 milliards FCFA.
Ses effectifs tombent de 3 000 à 1 700 salariés.

L’ANSD confirme la tendance : le chiffre d’affaires du secteur construction recule de 2,6 % en 2024.
Pour Kader Ndiaye, responsable patronal :

« Les chantiers à l’arrêt détruisent le tissu économique. »

L’audit foncier et les impayés de l’État paralysent le secteur

L’audit foncier lancé par l’État a gelé plusieurs projets, notamment à Dakar.

« Le BTP ne tient plus », alerte Kader Ndiaye.
Les impayés accumulés depuis 2023 étranglent les entreprises.

Oumar Ndir, président du SPEBTPS, déplore :

« La dette intérieure empêche les entreprises de payer leurs fournisseurs et employés. »

Un secteur stratégique négligé

Le BTP représente plus de 4 % du PIB et plus de 200 000 emplois directs.

Il capte aussi 30 % des investissements publics, selon Ousseynou Nar Gueye, de Axes & Cibles Com.

Il appelle à soutenir les champions nationaux, comme le Maroc l’a fait dans le BTP et l’industrie.

« Penser autrement serait du court-termisme. »

Une économie plombée par des crises multiples

Amath Ndiaye, économiste à l’UCAD, dresse un constat sévère :

« Le Sénégal est frappé par des chocs internes et externes. »
Covid-19, instabilité politique, incertitudes et pressions fiscales ont freiné l’économie.

Le BTP, moteur de l’investissement, subit :

  • Retards de paiement
  • Raréfaction du crédit
  • Baisse des commandes publiques
  • Fiscalité jugée harcelante
  • Chômage urbain en hausse

L’État à court de leviers

L’État, plombé par une dette publique lourde et un budget contraint, peine à relancer l’économie.

« Il n’y a pas de lien direct entre cette situation et la reddition des comptes », précise le Pr Ndiaye.

Les solutions à activer

Pour sortir de l’impasse, Amath Ndiaye propose :

  • Faciliter l’accès au crédit pour les entreprises
  • Réduire les délais de paiement de l’État
  • Partager les risques avec des garanties publiques
  • Simplifier les procédures administratives
  • Attirer les IDE grâce à un climat stable et prévisible

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