Face à la recrudescence des discours haineux sur les réseaux sociaux, les associations islamiques du Burkina Faso ont décidé d’agir. Près de 250 imams, prêcheurs et prédicateurs ont ainsi participé à une session de sensibilisation, organisée en collaboration avec le ministère burkinabè de la Sécurité. Dans un contexte sécuritaire déjà tendu, les autorités estiment que la lutte contre les propos incitant à la haine constitue un enjeu crucial pour préserver la cohésion nationale.
Déjà, il y a quelques mois, le commissaire Mahamadou Sana avait tiré la sonnette d’alarme. Il dénonçait la multiplication de « messages à caractère haineux » diffusés sur les plateformes numériques, et appelait à mettre un terme aux discours faisant « l’apologie de la violence, de la stigmatisation et de la division au sein des communautés ».
Un code de conduite clair pour les leaders religieux
À l’issue de la formation, les organisateurs ont présenté un guide destiné à encadrer la prise de parole publique des responsables religieux. Ce document interdit formellement l’usage du discours islamique à des fins de provocation ou de division. « Il est interdit d’utiliser le discours islamique pour troubler la quiétude et la stabilité dans le pays, de proférer des insultes, des propos de moquerie ou de sabotage, ou encore de qualifier une association de manière à provoquer des troubles », a rappelé Seyni Nana, membre du Comité d’écoute du discours islamique.
Un appel à la responsabilité, en particulier des jeunes
Profitant de cette tribune, Adama Sakandé, secrétaire exécutif national de la Fédération des associations islamiques du Burkina Faso (FAIB), a exhorté les fidèles, et particulièrement les jeunes, à faire preuve de retenue sur les réseaux sociaux. « Désormais, les choses ne seront plus comme avant », a-t-il prévenu. « La FAIB appelle tous les acteurs musulmans à éviter les discours de division, de médisance ou de violence, et à œuvrer activement pour l’unité et la cohésion nationale. »
Les autorités n’excluent pas des sanctions en cas de dérapage. Le non-respect du code de conduite pourra entraîner des mesures disciplinaires, allant jusqu’à deux années d’interdiction de prêcher en cas de récidive ou de faute grave.
Des précédents inquiétants en 2024 et 2022
Ce n’est pas la première fois que les associations islamiques tirent la sonnette d’alarme. En octobre 2024, la FAIB avait déjà dénoncé des appels à la violence entre différentes tendances musulmanes, propagés via les réseaux sociaux. Elle avait alors lancé un appel à la modération et mis en place un comité de suivi et de vigilance. Un mois plus tard, en novembre, le Conseil supérieur des Oulémas avait interdit de prêche un prédicateur pour propos extrémistes.
Déjà en août 2022, après une grande rencontre réunissant plus de 700 imams et prêcheurs venus de tout le pays, la Fédération s’était alarmée de la montée des discours haineux dans les médias et sur les réseaux sociaux. Elle avait alors lancé un appel à un changement de comportement au sein de la communauté.