Les turbulences au sein de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS) prennent un nouveau tournant avec le limogeage de Cheikh Dieng. Accusé de favoritisme et de mauvaise gestion, Dieng riposte avec une lettre cinglante au ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye, révélant des pratiques internes controversées et des chiffres accablants.
Les spéculations entourant le limogeage de Cheikh Dieng de son poste de directeur général de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS) ne cessent de croître. Le journal L’AS a récemment mis en lumière une gestion qualifiée de clanique par l’ancien directeur, marqué par le recrutement de ses proches et des relations particulièrement tendues avec le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye.
Source A renforce cette thèse, révélant que Cheikh Dieng a été démis de ses fonctions suite à une lettre incendiaire adressée au ministre. Datée du 31 juillet, jour même du Conseil des ministres qui a acté son départ, la correspondance était une réponse à une interpellation ministérielle accusant Dieng de surfacturation et de favoritisme.
Le cœur de la polémique repose sur les marchés de curage de canaux à Dakar (Lot 1) et dans les autres régions (Lot 2), attribués aux entreprises Tawfekh Taysir et Delgas. Selon Cheikh Dieng, les travaux de la Zone de captage et du Canal 6 à Dakar, représentant 55% de la valeur du marché, étaient réalisés à 100% et 97% respectivement, bien avant la date butoir de quatre mois contractuels.
En ce qui concerne le lot 2, Dieng a mis en avant des taux d’exécution de 100% à Louga et Dagana, chiffres confirmés par les gouverneurs locaux, bien que les projets à Diourbel et Matam soient respectivement à 5% et encore non commencés.
La guerre des chiffres:
Face aux accusations de surfacturation, Cheikh Dieng a détaillé les coûts réels des travaux. Il a souligné que la mobilisation des engins lourds nécessaires pour les opérations de curage s’élevait à environ 315 millions de francs CFA, un montant conforme à l’offre de 300 millions HTVA soumise par l’entreprise adjudicataire. De même, il a défendu le prix de 18 000 francs CFA par mètre pour le curage des canaux, en expliquant que ce tarif reflétait les coûts réels des opérations, contrairement aux prix inférieurs jugés irréalistes pratiqués précédemment.
Des pratiques aux antipodes du Jubanti:
Dans sa lettre, Cheikh Dieng a dénoncé les stratégies des entreprises proposant des offres à bas prix pour éliminer la concurrence sans réaliser le travail correctement, pointant du doigt les inondations survenues dans la Zone de captage en 2021 et 2022. Il a également accusé le ministre de vouloir suspendre les procédures de passation de marchés pour favoriser certaines entreprises, évoquant des pratiques contraires aux principes de transparence et d’équité prônés par l’initiative Jubanti.
Cheikh Dieng a conclu en rappelant que la Direction centrale des marchés publics (DCMP) avait validé les attributions des marchés à Tawfekh Taysir et Delgas, défendant la conformité des procédures suivies.
Cette lettre révèle les tensions et les dysfonctionnements internes de l’ONAS, soulignant la nécessité d’une gestion plus transparente et équitable pour répondre efficacement aux défis de l’assainissement au Sénégal.