Alors que la promotion de la chirurgie esthétique se banalise sur les réseaux sociaux, les influenceurs sénégalais vantent ces pratiques sans en exposer les risques. Face à cette tendance, l’État a le devoir d’intervenir pour protéger les citoyens, en particulier les jeunes, souvent séduits par des standards de beauté artificiels.
Les influenceurs sénégalais multiplient les contenus faisant l’éloge de la chirurgie esthétique. Sur Instagram, TikTok ou Snapchat, ils exhibent leurs transformations physiques, souvent réalisées à l’étranger, et incitent leurs abonnés à suivre leur exemple. Ils recommandent des cliniques, partagent des codes de réduction et minimisent les risques post-opératoires. Cette banalisation de la chirurgie esthétique transforme un acte médical en simple tendance lifestyle.
L’État, pourtant garant de la santé publique, tarde à réagir. Il n’existe pas encore de cadre juridique clair encadrant la promotion de ces pratiques sur les réseaux sociaux. Pendant ce temps, de jeunes Sénégalaises – et quelques hommes – se laissent influencer et contractent des prêts ou sollicitent des financements risqués pour modifier leur apparence, sans toujours mesurer les conséquences médicales et psychologiques.
Le ministère de la Communication, en collaboration avec celui de la Santé, doit prendre ses responsabilités. Il doit imposer aux influenceurs une charte d’éthique numérique, les obligeant à informer sur les risques des interventions qu’ils promeuvent. Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) peut aussi jouer un rôle, en surveillant les contenus audiovisuels diffusés en ligne, même sur les plateformes numériques.
Par ailleurs, l’État doit encadrer médicalement les cliniques opérant sur le territoire, et interdire la publicité pour des services médicaux non certifiés. Il doit également renforcer l’éducation à la santé mentale et à l’image de soi dans les écoles, pour développer l’esprit critique des jeunes face aux messages des influenceurs.
Enfin, il revient aux autorités de mieux surveiller les partenariats commerciaux entre les influenceurs et les structures médicales à l’étranger. En s’attaquant à cette zone grise où l’économie numérique et la santé publique s’entrecroisent, l’État peut limiter les dérives et protéger les citoyens d’une industrie cosmétique en pleine expansion, mais encore mal régulée.
L’État ne peut plus ignorer l’impact grandissant des influenceurs sur les comportements des jeunes. Encadrer la promotion de la chirurgie esthétique sur les réseaux sociaux devient une nécessité sanitaire, sociale et éthique.