Des vies brisées par la vengeance

Rama* a tout perdu : mari, sommeil, stabilité.
Son ex-petit ami a partagé ses photos intimes avec son époux et ses proches.
Il l’a aussi menacée de les transmettre à un célèbre influenceur sénégalais.
Depuis, Rama vit un enfer. Elle a saisi la justice en avril 2025.

Une pratique en expansion

Comme Rama, de nombreuses Sénégalaises subissent des représailles numériques.
La diffusion de photos intimes explose, souvent par chantage ou vengeance.
Chaque semaine, les réseaux sociaux ou médias rapportent de nouveaux cas.
Des influenceurs, souvent basés à l’étranger, diffusent ces images contre rémunération.
Suivis par des milliers, ils gagnent en visibilité en détruisant des vies.

Les victimes, piégées entre peur et silence

La majorité des plaintes sont déposées à la Police de la cybercriminalité.
Mais beaucoup de victimes se taisent, par peur du jugement social.
« Le regard des autres dissuade les victimes », explique l’expert Mouhamadou Lo.
Il décrit une société sénégalaise conservatrice qui stigmatise les femmes touchées.

Témoignage à huis clos

Rama a osé briser le silence le 23 avril, devant un tribunal bondé.
Elle a raconté, d’une voix ferme, son calvaire et ses souffrances :

« J’ai perdu mon mari, fait une fausse couche. Je vis dans la peur permanente. »

Son agresseur, 44 ans, a été condamné à 2 ans de prison, dont 1 mois ferme,
et à une amende d’un million FCFA.

Une législation en place mais insuffisante

Le Code pénal sénégalais prévoit jusqu’à 7 ans de prison
et 10 millions FCFA d’amende pour ces délits.
Mais la souffrance des victimes reste, elle, durable et souvent irréversible.

Des conséquences psychologiques lourdes

Adama*, 20 ans, a failli se suicider après la diffusion de ses vidéos intimes.

« Je voulais juste mourir. Qui voudra encore de moi ? », confie-t-elle en larmes.

Mounacss* a fui Dakar pour son village, hantée par la honte.

« Je n’ose plus croiser mes voisins. »

Un soutien institutionnel encore limité

La Commission de protection des données personnelles (CDP) tente d’agir.

« Les victimes sont souvent perdues et isolées », explique Fatimatou Fall, cheffe de division.
Elle affirme que la CDP collabore avec les géants du numérique pour retirer ces contenus.

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