Le groupe Saraya Ansar al-Sunna a revendiqué, mardi 24 juin, l’attentat-suicide qui a visé une église orthodoxe de Damas deux jours plus tôt. L’attaque, menée à l’aide d’une ceinture explosive, a fait 25 morts et 63 blessés. Cette revendication contredit la version officielle, qui accuse l’État islamique.
Dans un message publié sur Telegram, la brigade jihadiste Saraya Ansar al-Sunna littéralement « brigade des partisans des sunnites » a revendiqué l’attentat du dimanche 22 juin contre une église orthodoxe dans la capitale syrienne. Le groupe affirme que ses commandos sont « prêts, armés et nombreux », et prévient que d’autres opérations suivront. Il justifie cette attaque en représailles à un incident survenu en mars dernier, lorsque des fidèles de l’église ciblée auraient tenté d’empêcher des prêcheurs islamistes de s’exprimer.
Un groupe nouveau, aux méthodes bien connues
Peu connu jusqu’ici, Saraya Ansar al-Sunna est apparu publiquement fin janvier, deux mois après la chute du régime de Bachar el-Assad. Le groupe reprend les codes et la rhétorique de l’État islamique : il appelle à un conflit sectaire contre les alaouites, les chiites et les chrétiens, et revendique régulièrement des massacres, notamment ceux perpétrés contre la minorité alaouite sur la côte syrienne en mars dernier. Son chef affirme disposer d’environ 1 000 combattants.
Des liens possibles avec d’anciens groupes jihadistes
Selon plusieurs analystes, Saraya Ansar al-Sunna pourrait être formé d’anciens membres de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), notamment des partisans frustrés par l’absence d’application rigoureuse de la charia en Syrie. Certains dénoncent également la récente amnistie accordée à d’anciens cadres du régime Assad. Ahmed al-Charaa, l’ancien dirigeant de HTS, figure parmi les noms évoqués comme proche ou à l’origine du nouveau groupe.
Des zones d’ombre et des soupçons
Cette revendication remet en question la version officielle. Le ministère de l’Intérieur syrien a pourtant annoncé mardi avoir arrêté les auteurs de l’attaque, qu’il continue d’associer à l’État islamique. De nombreuses voix s’élèvent pour accuser Saraya Ansar al-Sunna d’être soit une émanation de l’EI, soit un groupe manipulé par des éléments pro-régime cherchant à semer le chaos et à discréditer les nouveaux pouvoirs.
Alors que le pays tente de se reconstruire dans un climat encore très fragile, cette attaque sanglante et les zones d’ombre qui l’entourent font planer de lourdes incertitudes sur la sécurité des minorités et la stabilité politique de la Syrie post-Assad.