Les élections législatives sénégalaises du 17 novembre 2024 représentent un moment crucial pour le pays, marquant la continuité ou le changement du paysage politique. En premier lieu, ces élections permettent aux 7,3 millions d’inscrits de confirmer leur choix de mars dernier en accordant ou non une majorité parlementaire au président Bassirou Diomaye Faye et à son Premier ministre Ousmane Sonko.

En effet, la cohabitation forcée entre l’exécutif et une majorité parlementaire hostile a mis en lumière les difficultés de l’exécutif à réaliser ses réformes sans le soutien du législatif. Ainsi, les enjeux sont multiples : d’une part, l’exécutif cherche à renforcer sa légitimité parlementaire pour pouvoir mener à bien ses projets de transformation de l’État, de justice sociale, de lutte contre la corruption, et de rétablissement de l’indépendance nationale. D’autre part, l’opposition craint qu’un résultat trop favorable à l’exécutif ne mène à un pouvoir trop concentré, qu’elle juge potentiellement extrémiste ou incompétent.

Cela étant dit, l’ampleur de la victoire de l’exécutif est également déterminante. En effet, une majorité des trois cinquièmes permettrait à l’exécutif de réviser la Constitution sans passer par un référendum, et même de mettre en accusation l’ancien président Macky Sall, un sujet brûlant qui pourrait avoir des conséquences considérables sur le paysage politique sénégalais.

Quant à l’opposition, elle met en garde contre les dangers d’une concentration excessive de pouvoirs, appelant les électeurs à se méfier de ce qu’elle qualifie de dérive autoritaire. Dans cette optique, des figures comme Ousmane Sonko ont exhorté leurs partisans à se mobiliser pour « venger » les militants agressés pendant la campagne, avant d’adopter des positions plus conciliantes. En revanche, l’opposition, bien que dispersée, a formé des coalitions pour tenter de contrer cette ascension.

De plus, le contexte économique complexe, marqué par un chômage élevé, la montée des prix, et la crise des finances publiques, pourrait jouer un rôle déterminant dans l’issue de ces élections. Ainsi, l’opposition se fait le porte-voix d’une inquiétude grandissante quant à l’absence de résultats concrets du gouvernement en place.

Les protagonistes :

Les acteurs majeurs de cette élection sont nombreux, mais certains se distinguent particulièrement. D’une part, Ousmane Sonko, Premier ministre et tête de liste du Pastef, continue de jouer un rôle central, restant une figure contestée mais populaire, bien qu’il fasse face à des critiques sur son manque d’action en huit mois de pouvoir. D’autre part, Macky Sall, bien qu’il ne soit plus président, reste une figure influente, notamment à travers sa tête de liste pour la coalition Takku Wallu Sénégal.

Par ailleurs, Amadou Ba, dernier Premier ministre de Macky Sall et dauphin désigné à la présidentielle, pourrait jouer un rôle clé, notamment au sein de la coalition Jamm Ak Njariñ. De plus, Barthélémy Dias, maire de Dakar et tête de la coalition Samm Sa Kaddu, apporte une touche d’âpreté à la campagne avec ses échanges acerbes avec Ousmane Sonko.

Le mode de scrutin :

Les Sénégalais devront élire 165 députés pour un mandat de cinq ans, répartis entre 112 élus au scrutin majoritaire à un tour et 53 autres au scrutin proportionnel. À cet égard, les électeurs auront le choix parmi 41 listes électorales. Toutes devront respecter la parité homme-femme, bien que aucune femme ne figure à la tête des listes. Les bureaux de vote ouvriront à 8h00 et fermeront à 18h00, à moins que des circonstances exceptionnelles ne nécessitent une dérogation.

En somme, ces élections législatives s’annoncent comme un tournant majeur dans la trajectoire politique du Sénégal, et les projections sur la nouvelle composition de l’Assemblée devraient être disponibles dès lundi matin, permettant ainsi de mesurer l’impact de ce scrutin sur la gouvernance du pays.

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