Le sociologue Abdoulaye Ngom observe une montée des départs de migrants au Sénégal et une désillusion croissante parmi les jeunes face aux promesses non tenues par les nouvelles autorités. La marine nationale tente de stopper les pirogues surchargées de personnes fuyant la pauvreté pour l’Europe, comme l’illustre l’interception d’une embarcation de 200 migrants le 26 juillet au large de Saint-Louis.
Une Jeunesse en Quête d’Avenir
Avec 75 % de la population ayant moins de 35 ans et un taux de chômage stable à 20 %, de nombreux jeunes, notamment des marchands ambulants évincés, se tournent vers l’émigration clandestine. Abdoulaye Ngom souligne que la désillusion envers les nouvelles autorités, qui n’ont pas encore tenu leurs promesses, aggrave la situation. Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye en avril, les jeunes espéraient des changements rapides, mais la réalité économique et la gestion de la migration restent des défis importants.
L’Augmentation du Désespoir depuis 2006
Depuis 2006, le désespoir des jeunes a fortement augmenté. À l’époque, ceux qui échouaient à rejoindre l’Europe abandonnaient souvent. Aujourd’hui, 99 % des jeunes sont prêts à risquer leur vie en mer plutôt que de subir une « mort sociale » au Sénégal. Même après un échec, ils sont déterminés à recommencer.
Les Réseaux de Passeurs et Leur Expansion
Les réseaux de passeurs se sont étendus au Sénégal, recrutant des candidats à l’émigration dans les villages, les marchés et autres rassemblements, de Dakar à la Casamance. Depuis 2024, les départs de pirogues se sont diversifiés, incluant des zones comme Djiffer et la région de Fatick. Cette expansion vise à échapper à la surveillance accrue des gardes-côtes, renforcée par l’acquisition de trois nouveaux patrouilleurs.
Les Profils des Candidats à l’Émigration
Les candidats à l’émigration sont surtout des chômeurs ou des travailleurs du secteur informel, dont beaucoup sont des pêcheurs dont les revenus ont baissé à cause de la surpêche. Les passeurs utilisent souvent leur connaissance de la mer pour diriger les pirogues vers les îles Canaries. Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye, des progrès comme la renégociation des contrats de pêche avec les navires étrangers pourraient améliorer la situation des pêcheurs.
Les Conséquences pour Ceux Qui Restent
Un nombre croissant de personnes avec un emploi stable choisit l’exil, mécontent de leur salaire et estimant ne pas avoir « réussi leur vie ». Ces départs laissent des impacts visibles pour ceux qui restent, comme en Casamance où les champs sont abandonnés par leurs propriétaires partis. Les femmes seules doivent gérer leur famille, et les conséquences psychologiques de ces départs, encore peu prises en charge, posent un défi important pour les années à venir.