L’intellectuel et écrivain Hamidou Anne rejoint l’Alliance Pour la République (APR). Auteur de Panser l’Afrique qui vient, il explique en exclusivité les raisons de cet engagement.
Pourquoi avoir rejoint l’APR après l’arrêt de votre chronique Traverses ?
Pendant quatre ans, j’ai analysé le politique sans concession. Passionné par les idées, je suis resté méfiant envers les querelles partisanes. Mais le monde a connu des bouleversements majeurs : pandémie, putschs au Sahel, retour de la guerre en Europe, crise à Gaza. Ces chocs m’ont convaincu qu’écrire ne suffisait plus.
Au Sénégal, les événements de mars 2021 ont marqué un tournant. J’ai vu des intellectuels défendre un homme malgré ses outrances et ignorer l’incendie de leur propre université. Face à cet effondrement moral, rester simple observateur n’était plus une option.
Le Pastef incarne un projet régressif et violent. L’élection n’a pas gommé son essence autoritaire. Je ne peux rester à l’écart des grandes batailles à venir : il faut être au front, par les idées et sur le terrain.
Quel rôle comptez-vous jouer dans l’APR ?
Je n’ai pas été sollicité, nos volontés se sont rencontrées. J’intègre l’APR pour défendre les principes républicains et contribuer au débat public. Mon ambition est d’associer pensée et action militante, sans chercher d’autre place que celle du militant engagé.
J’ai rencontré Macky Sall en 2010, puis douze ans plus tard. J’estime l’homme d’État et c’est avec fierté que je marche désormais à ses côtés.
L’APR est-elle le bon cadre pour vos idées de gauche ?
Je me revendique de la gauche républicaine, qui place la res publica au cœur de son action. L’APR, parti de rassemblement, reste un cadre pour préserver notre modèle républicain et démocratique.
Malgré mes critiques passées, l’APR a transformé le Sénégal et n’a jamais pactisé avec Pastef, un critère décisif à mes yeux.
Aurez-vous une place au sein du parti ?
Je ne demande rien, je prends une carte comme tout militant. Mon engagement parlera pour moi. Certains ont choisi la transhumance ou le silence, je choisis la fidélité à mes principes.
L’APR n’a pas à rougir de son bilan, malgré les attaques et les défections. Une cause n’est perdue que si l’on abandonne le combat.
Comment jugez-vous les premiers mois du pouvoir Pastef ?
Ce régime s’enfonce dans l’autoritarisme : arrestations arbitraires, musellement des médias, reniements. L’économie est en crise : pertes de recettes, explosion du déficit budgétaire.
Le Sénégal, autrefois influent sur la scène internationale, s’efface sous une diplomatie approximative et une rupture de confiance avec les partenaires.
Comment reconstruire l’opposition ?
Il faut du temps pour structurer une opposition forte. Nous devons proposer une alternative porteuse d’espoir et défendre la république face aux dérives populistes.
Envisagez-vous un mandat électif ?
Servir son pays n’est pas un engagement intermittent. Je ne suis pas ici pour des portefeuilles, mais pour bâtir un horizon émancipateur. Mon engagement s’inscrit dans la durée, là où l’appellera le devoir.