Face à l’aggravation de la crise alimentaire dans la bande de Gaza, Israël a annoncé ce vendredi 25 juillet qu’il autorisait les largages d’aide par avion. Une mesure qualifiée de “mascarade” par plusieurs ONG, alors que les accusations de manipulation de l’aide humanitaire se multiplient.

Un retour controversé aux parachutages

Israël a donné son feu vert à la reprise des largages d’aide humanitaire sur Gaza, selon la radio de l’armée israélienne. Cette décision survient alors que les restrictions terrestres rendent l’acheminement classique quasi impossible. L’objectif, selon les autorités israéliennes, est de faciliter l’accès à la nourriture pour une population confrontée à une famine sans précédent. La Jordanie devrait effectuer le premier largage, suivie des Émirats arabes unis et d’autres pays dans les jours à venir.

Cependant, cette méthode soulève de nombreuses critiques. Les ONG rappellent qu’elle est coûteuse, imprécise et dangereuse. « Ce n’est pas un avion qui se pose pour livrer de l’aide. Ce sont des colis lâchés au hasard, parfois écrasés, parfois mortels », déplore Elsa Softic, adjointe au directeur des opérations de Première Urgence Internationale, une organisation qui n’a pas été consultée avant l’annonce israélienne.

Une aide détournée des acteurs traditionnels

Depuis deux mois, l’ONU et les grandes ONG sont écartées de la distribution de l’aide à Gaza. C’est désormais la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), une organisation soutenue par Israël et les États-Unis, qui assure ce rôle. Or, la GHF fait l’objet de vives critiques : opacité de financement, militarisation de l’aide et manque de coordination avec les acteurs humanitaires traditionnels.

Sur 400 points de distribution initialement opérationnels, seuls quatre restent actifs aujourd’hui. La situation humanitaire s’est détériorée au point que le Programme alimentaire mondial (PAM) estime qu’un tiers des Gazaouis ne mangent plus pendant des jours. Plus de 90 000 femmes et enfants nécessitent un traitement d’urgence pour malnutrition. Entre mai et septembre, près de 470 000 personnes pourraient basculer dans une famine catastrophique, selon l’agence onusienne.

Le cri d’alarme des Nations unies

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lancé un appel poignant à la communauté internationale. « Ce n’est pas seulement une crise humanitaire. C’est une crise morale qui défie la conscience mondiale », a-t-il déclaré lors d’un discours vidéo à Amnesty International. Il a dénoncé le manque d’« humanité » et de « compassion », soulignant que des enfants « préfèrent aller au paradis, car là-bas, au moins, on mange ».

Guterres affirme que depuis le 27 mai, début des opérations de la GHF, des forces israéliennes ont tué plus de 1 000 Palestiniens alors qu’ils tentaient de récupérer de l’aide. Il rapporte également des témoignages glaçants de ses propres humanitaires affamés, travaillant sur le terrain dans des conditions extrêmes.

L’USAID contredit Israël sur les détournements par le Hamas

Israël justifie l’exclusion des ONG traditionnelles par le risque de détournement de l’aide par le Hamas. Pourtant, un rapport de l’USAID, l’agence américaine de développement, jette un doute sérieux sur cette version.Sur 156 incidents de vol ou de perte d’aide, les enquêteurs ont attribué seulement 35 cas à des groupes armés, sans en relier aucun à une organisation terroriste désignée par les États-Unis.

En revanche, 44 cas seraient liés à des actions militaires israéliennes, et d’autres à des sous-traitants corrompus. Ce rapport remet en question la légitimité du monopole accordé à la GHF, dont les distributions ont déjà causé plus de 1 000 morts, selon l’ONU.

Une aide larguée sous tension

Les précédents largages aériens ont déjà entraîné des drames : cinq Palestiniens ont péri, écrasés par des palettes ou noyés en tentant de récupérer des colis tombés en mer. Pour les humanitaires, ce mode de distribution reste une solution de dernier recours, inefficace et risquée. Ils appellent à la réouverture des routes terrestres, seule garantie d’un acheminement sûr, régulier et digne.

Alors que la famine continue de progresser, la réponse internationale semble osciller entre improvisation logistique et calculs politiques. Pour les Gazaouis, chaque jour sans nourriture devient une question de survie.

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