Alors que chaque saison des pluies voit son lot de victimes frappées par la foudre, le phénomène devient de plus en plus préoccupant au Sénégal. Face à la répétition des drames, l’État doit agir vite et efficacement pour limiter les pertes humaines et sensibiliser les populations aux bons réflexes.

Chaque hivernage, le même scénario tragique se répète : des personnes foudroyées dans les champs, des enfants touchés en pleine récréation, des familles endeuillées dans les zones rurales. En 2024, plusieurs cas mortels ont encore été signalés dans les régions de Kolda, Tambacounda, Kaffrine ou Sédhiou. Ces drames, souvent évitables, posent la question des responsabilités et des mesures à prendre par l’État.

1. Installer des paratonnerres dans les zones à risque

L’une des premières mesures concrètes est l’installation massive de paratonnerres dans les villages, écoles, lieux de culte, marchés et postes de santé, surtout dans les régions sud et centre du pays, plus exposées aux orages violents. Ce dispositif simple peut canaliser la foudre vers le sol sans danger pour les personnes et les bâtiments.

Un recensement national des zones à forte vulnérabilité doit être réalisé, en s’appuyant sur les données de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM), afin d’orienter en priorité les installations.

2. Lancer une grande campagne de sensibilisation

La foudre tue aussi par ignorance. Beaucoup de citoyens ne connaissent pas les comportements à adopter en cas d’orage : ne pas se réfugier sous un arbre, éteindre les téléphones portables, rester à l’intérieur, éviter les points d’eau, etc.

L’État, à travers le ministère de l’Éducation nationale, les radios communautaires, les influenceurs locaux et les chefs religieux, doit lancer une campagne nationale de prévention, en langues locales, ciblant les zones rurales et scolaires.

3. Rendre obligatoire la protection foudre dans les bâtiments publics

Les nouveaux bâtiments publics – écoles, hôpitaux, mairies, stades – devraient être soumis à une norme obligatoire de protection contre la foudre, intégrée au Code de la construction et de l’urbanisme. Les installations électriques doivent également respecter les standards de sécurité en période d’orage.

Des incitations fiscales ou subventions pourraient aussi être accordées aux ménages et aux exploitants agricoles qui souhaitent équiper leurs maisons ou exploitations.

4. Renforcer l’alerte météorologique locale

L’ANACIM doit bénéficier de plus de moyens techniques et humains pour produire des bulletins d’alerte foudre localisés, à court terme. Ces informations devraient être transmises par SMS, WhatsApp, radio et alertes vocales aux populations rurales, aux autorités administratives et aux chefs de village, en partenariat avec les opérateurs téléphoniques.

5. Former les acteurs locaux à la gestion des urgences

Les sapeurs-pompiers, agents de santé communautaire et volontaires doivent être formés pour intervenir rapidement en cas d’accident lié à la foudre : premiers secours, transport d’urgence, gestion des brûlures et traumatismes. L’État peut aussi encourager la création de brigades locales de secours dans les zones isolées.

La foudre n’est pas une fatalité. À l’heure du changement climatique, qui accentue la fréquence des phénomènes extrêmes, l’État doit adopter une stratégie nationale de prévention des risques liés à la foudre, articulée autour de la protection, de la sensibilisation et de l’alerte.

Chaque paratonnerre installé, chaque enfant informé, chaque mesure appliquée peut éviter un drame de trop. Prévenir les foudres mortelles, c’est investir dans la sécurité, la résilience et la dignité des populations rurales.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *