En annonçant dès l’été les grandes lignes du budget 2026, François Bayrou entend prendre les devants. Il espère ainsi ouvrir un espace de négociation avant l’examen du texte à l’automne. Pourtant, les premières réactions n’ont pas été tendres. Le Parti socialiste (PS) et le Rassemblement national (RN) dénoncent un projet injuste et inefficace. Mais, malgré leurs critiques, les deux partis n’excluent pas de discuter.
Un plan ambitieux pour réduire la dette
Le mardi 15 juillet, François Bayrou a présenté un plan budgétaire ambitieux. Son objectif : réduire la dette publique tout en augmentant les dépenses militaires. Le budget prévoit 44 milliards d’euros d’économies dans le cadre d’un programme baptisé Stop à la dette.
Élaboré en concertation avec les partenaires sociaux et les groupes parlementaires, ce plan étale ses efforts jusqu’en 2029. Le Premier ministre revendique un projet « rigoureux mais pas austère ». Le chef du MoDem, Marc Fesneau, le défend comme un rempart contre les marchés financiers. Quant à Emmanuel Macron, il salue un plan porteur de « courage, d’audace et de lucidité ».
L’opposition dénonce un budget injuste
Malgré ce soutien, les critiques pleuvent. Marine Le Pen et Olivier Faure jugent le texte « indigne », « injuste » et « inefficace ». Déjà, PS et RN se préparent à un possible renversement du gouvernement à l’automne. Tous deux élaborent des scénarios en cas de dissolution anticipée de l’Assemblée nationale. Les Insoumis, eux, ont déjà renoncé à tout dialogue. Ils travaillent sur leur propre motion de censure.
Des portes entrouvertes pour négocier
Pourtant, le gouvernement ne ferme pas la porte au compromis. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, l’a reconnu : « Il y a davantage de chances de trouver un accord avec le PS ». En 2025, l’adoption du budget avait d’ailleurs été rendue possible grâce à l’abstention stratégique des socialistes.
Pour l’instant, le PS reste prudent. Il prépare un contre-projet fondé sur la taxe Zucman : un prélèvement de 2 % sur le patrimoine des milliardaires. Le gouvernement rejette cette idée, qu’il juge « injuste » et dangereuse pour l’économie. Il préfère maintenir la contribution sur les hauts revenus, instaurée en 2025, et renforcer la lutte contre l’optimisation fiscale. À gauche, ces mesures sont jugées largement insuffisantes.
Le RN hausse le ton
De son côté, Marine Le Pen avertit : sans révision « de fond en comble » du projet, le RN déposera une motion de censure. Elle critique notamment la baisse du taux du livret A, la suppression de deux jours fériés (lundi de Pâques et 8 mai) et l’absence de réduction des dépenses liées à l’immigration ou à l’UE. « Ce gouvernement préfère frapper les Français plutôt que de traquer les gaspillages », tranche-t-elle.
La proportionnelle comme monnaie d’échange ?
Pour rallier certains opposants, François Bayrou pourrait relancer la réforme du mode de scrutin, notamment le vote à la proportionnelle, une vieille revendication du RN. Mais cette stratégie comporte des risques : certains partis préparent déjà des budgets alternatifs plus élaborés que ceux proposés lors des débats précédents.
Le temps, un allié incertain
Le gouvernement compte sur les mois à venir pour construire des compromis. Les discussions budgétaires ne commenceront qu’en octobre. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, insiste : « Le temps joue en notre faveur, à condition d’éviter les arrangements de couloir ».
Mais ce temps peut aussi devenir un terrain de mobilisation sociale. Du côté des syndicats, la CGT, par la voix de Sophie Binet, appelle déjà à une rentrée combative contre ce qu’elle considère comme des régressions sociales.