La 8ᵉ édition du Salon international des mines (SIM Sénégal) s’est tenue du 4 au 6 novembre 2025 au Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio. Placé sous le thème « Les ressources minérales, un levier de souveraineté économique », l’événement a réuni les principaux acteurs du secteur pour débattre des enjeux liés à l’exploitation minière au Sénégal.

« Dakar, c’est terminé »

Lors d’un atelier consacré à la question du sable, Dr Ousmane Cissé, ancien Directeur des Mines, a dressé un constat alarmant : « Il faut mettre une croix. Y’en a plus, c’est terminé. (…) Dakar, c’est terminé. Il n’y a plus de sable », a-t-il lancé.
Selon lui, la seule option envisagée pour pallier cette raréfaction – le dragage – avait été étudiée dès 2001, mais les ressources exploitables se sont aujourd’hui largement épuisées.

L’administration face à la pénurie

Contactée par Seneweb, Mbene Niang, Directrice du Cadastre minier au ministère des Mines et de la Géologie, a reconnu que la tension sur les carrières de sable dans la région de Dakar est ancienne.
Elle explique que plusieurs sites exploités de manière irrégulière ont été fermés :

« Ces carrières étaient délivrées sous forme de prélèvement temporaire de six mois. Arrivées à expiration, elles ne pouvaient pas être renouvelées car elles n’étaient pas régulières », précise-t-elle.

Entre janvier et mai 2025, le ministère a donc étudié de nouvelles demandes et délivré cinq autorisations conformes pour la région de Dakar. Certaines exploitations n’ont été accordées que pour six mois afin de renforcer le suivi et la conformité.

Spéculation sur le marché du sable

Malgré ces nouvelles autorisations, la situation reste tendue. La spéculation s’est installée entre carrières, transporteurs et points de vente.

« Entre la carrière et le stock de dépôt, le prix peut varier du simple au double », a déploré Mme Niang, soulignant la pression démographique et le manque d’espace pour ouvrir de nouveaux sites.

Des alternatives locales et écologiques

Pour faire face à la crise, le ministère explore plusieurs pistes. Le dragage côtier, déjà expérimenté à Saly par une entreprise hollandaise, reste envisagé.
Par ailleurs, des initiatives locales sénégalaises émergent :

« Certaines entreprises récupèrent les surplus de sable des rues et des chantiers, qu’elles nettoient, tamisent et revendent », explique la directrice.

Enjeux environnementaux et urbanisation galopante

Cette pénurie s’explique aussi par des facteurs environnementaux et géographiques. De nombreuses zones côtières sont désormais protégées pour préserver les écosystèmes.

« Il y a du sable, mais il est inexploitable car situé dans des zones protégées », rappelle Mbene Niang.

Entre urbanisation rapide, pression démographique et protection environnementale, Dakar se retrouve donc face à une équation complexe : comment poursuivre son développement sans une ressource longtemps considérée comme inépuisable ?

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