Peu sollicitée dans l’histoire politique du Sénégal, la Haute Cour de justice demeure pourtant un instrument essentiel du dispositif républicain. Chargée de juger les plus hautes autorités de l’État pour des crimes ou délits commis dans l’exercice de leurs fonctions, cette institution soulève à la fois espoirs de reddition des comptes et débats sur sa réforme.
Créée par la Constitution sénégalaise, la Haute Cour de justice a pour mission de juger le président de la République et les membres du gouvernement pour des actes qualifiés de haute trahison, de manquements graves ou de délits dans l’exercice de leurs fonctions. Elle est composée exclusivement de députés, choisis par leurs pairs au sein de l’Assemblée nationale.
Malgré son importance théorique, cette cour reste l’une des plus silencieuses du paysage judiciaire sénégalais. Rarement convoquée, elle n’a, jusqu’à présent, jamais condamné un haut responsable politique. Cette inactivité suscite des interrogations sur son efficacité réelle et son indépendance.
Le contexte actuel de lutte contre la corruption et de refondation des institutions remet la Haute Cour de justice au centre des débats. Des voix dans la société civile réclament une réforme en profondeur. Elles dénoncent sa composition exclusivement parlementaire, jugée trop politique, et appellent à un élargissement à des magistrats indépendants.
D’autres suggèrent de remplacer cette juridiction spéciale par une cour ordinaire compétente pour juger tous les citoyens, quel que soit leur rang, dans un souci d’équité et de transparence.
Dans un Sénégal en quête de gouvernance vertueuse et de justice impartiale, l’avenir de la Haute Cour de justice pourrait bien devenir un symbole du renouvellement démocratique. La question reste ouverte : faut-il la réformer, la revitaliser ou la supprimer ? Les prochains mois pourraient apporter des éléments de réponse.