Initialement conçu comme un acte d’accueil empreint de sobriété, le « Ganalé », cérémonie organisée pour les pèlerins de retour de La Mecque, est de plus en plus transformé en véritable événement social. Par certains foyers, cette tradition est aujourd’hui célébrée avec un faste comparable aux mariages ou aux baptêmes.

Le « Ganalé », coutume d’accueil réservée aux pèlerins revenus des lieux saints de l’islam, a été profondément réinterprété dans de nombreuses localités du Sénégal. Ce moment, autrefois marqué par la simplicité, la prière et la gratitude, est désormais célébré avec une dimension festive grandissante.

Des tentes somptueusement dressées, des repas copieux servis à des centaines d’invités, des orchestres mobilisés et parfois même des prestations d’artistes : ainsi sont organisés certains Ganalé à Dakar comme dans les régions. Par les familles, de véritables cérémonies de prestige sont orchestrées, souvent financées à grands frais.

Selon les observateurs, cette évolution est révélatrice d’une tendance croissante à la mondanisation des pratiques religieuses. « Un événement à vocation spirituelle est aujourd’hui assimilé à une célébration sociale. L’image du pèlerin est parfois mise en scène comme celle d’un héros national », a-t-il été souligné par un sociologue des religions.

Par les guides religieux, des appels à la modération ont été lancés. Le sens profond du Ganalé, à savoir le retour à la communauté après l’accomplissement du cinquième pilier de l’islam, a été rappelé à maintes reprises. Selon eux, ce moment devrait être placé sous le signe de la piété, de l’humilité et du partage.

Cependant, dans certains milieux, cette dérive festive est encouragée par une logique d’ostentation sociale. « L’accomplissement du Hajj est vu comme une réussite familiale. Et il est souvent utilisé pour affirmer un statut social », a-t-il été analysé.

Malgré les critiques, la pratique continue de se répandre et d’être largement acceptée par une partie de la société, où tradition, religion et culture populaire s’entrelacent. Par les autorités locales, des mesures de sécurité sont parfois déployées pour encadrer ces grands rassemblements.

À l’heure où les repères entre sacré et profane tendent à se brouiller, la question de la redéfinition des pratiques culturelles liées à la religion est posée. Le Ganalé, en tant que miroir des dynamiques sociales, en offre une illustration saisissante.

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