Commémoré chaque année par des millions de fidèles à travers le monde, le Magal de Touba célèbre l’exil de Cheikh Ahmadou Bamba en 1895 au Gabon. Plus qu’une simple célébration religieuse, cet événement constitue une démonstration de fidélité spirituelle et de reconnaissance à l’endroit du fondateur du mouridisme.
Depuis plus d’un siècle, Touba devient, à la date du 18 Safar (selon le calendrier musulman), le cœur battant du Sénégal religieux. Le Magal, qui signifie action de rendre grâce en wolof, commémore un moment historique fondamental pour les mourides : le départ en exil du Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, sur ordre des autorités coloniales françaises, qui le percevaient comme une menace à leur domination.
En réalité, ce bannissement au Gabon en 1895 fut accueilli par le Cheikh comme une épreuve divine, une opportunité de fortifier sa foi et son engagement spirituel. Loin de briser son influence, cet exil renforça son aura, grâce à sa résistance pacifique, sa discipline et sa soumission à Dieu.
Le Magal a été institué par le Cheikh lui-même, non pas comme une lamentation, mais comme une manifestation joyeuse de reconnaissance envers Dieu pour les épreuves endurées. À sa suite, ses disciples ont perpétué cette tradition qui s’est institutionnalisée au fil des décennies, devenant l’un des plus grands rassemblements religieux d’Afrique.
Chaque année, des millions de pèlerins affluent à Touba pour honorer la mémoire de Cheikh Bamba, réciter les Khassaïdes (poèmes religieux), servir dans les daaras, et s’adonner à des actions de solidarité. Le Magal est aussi devenu un événement national et international, mobilisant l’administration, les services de santé, de sécurité, et de logistique, en raison de son ampleur.
Au-delà de sa dimension religieuse, le Magal de Touba incarne une mémoire collective, un héritage spirituel, et un message universel de paix, de travail, de discipline et de résistance non violente.
Par son ancrage historique et sa portée contemporaine, il témoigne de la vitalité du mouridisme et de son influence sur la société sénégalaise et au-delà.