L’émissaire américain Keith Kellogg est arrivé ce lundi 14 juillet à Kiev pour une visite officielle d’une semaine, a annoncé le ministère des Affaires étrangères ukrainien. Cette mission intervient alors que le président Donald Trump, après des mois d’hésitation, a récemment promis de nouvelles livraisons d’armes à l’Ukraine, marquant un tournant dans sa politique de soutien militaire.
Jusqu’à présent, Donald Trump n’avait accordé aucune aide militaire à Kiev depuis le début de son mandat, il y a six mois. Pire encore, il avait menacé de suspendre les livraisons de systèmes de défense antiaérienne, pourtant cruciaux pour contrer les attaques russes. Cependant, face à l’intensification des frappes, le président américain a finalement annoncé, dimanche soir, l’envoi de batteries Patriot à l’Ukraine, un geste vivement attendu par les autorités ukrainiennes.
Une visite sous haute tension
L’arrivée de Keith Kellogg intervient dans un contexte sécuritaire alarmant. Ces derniers jours, l’Ukraine a subi les attaques aériennes les plus massives depuis le début du conflit : 1 800 drones, 1 200 bombes aériennes et 83 missiles ont été lancés par la Russie en une semaine. Bien que la plupart aient été interceptés, les destructions et le traumatisme chez la population sont considérables, y compris dans l’ouest du pays, jusqu’alors relativement épargné.
Dans ce contexte, Kiev insiste : il lui faut au moins dix systèmes de défense Patriot pour protéger efficacement son ciel. Or, elle n’en dispose actuellement que de six. En parallèle, l’Allemagne a proposé de transférer ses propres systèmes, à condition que Washington donne son feu vert. Cette question devrait être au cœur des discussions entre Keith Kellogg et ses interlocuteurs ukrainiens.
Un soutien américain encore flou
Malgré les récentes annonces, l’ambiguïté reste forte du côté américain. Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, s’est récemment entretenu avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, exprimant sa « frustration » face au blocage des négociations. Pendant ce temps, une partie du camp républicain tente de durcir la ligne : le sénateur Lindsey Graham a proposé une loi visant à imposer des droits de douane de 500 % aux pays qui achètent du pétrole à la Russie.
La visite de Keith Kellogg, très attendue, doit permettre des échanges avec les autorités politiques et militaires ukrainiennes. Selon la correspondante de RFI à Kiev, Emmanuelle Chaze, elle pourrait aussi clarifier les prochaines étapes des livraisons d’armements. Toutefois, l’agenda américain reste imprévisible, susceptible de changer à tout moment selon les déclarations de la Maison Blanche.
Entre espoir et incertitude à Kiev
Pour l’heure, les Ukrainiens oscillent entre espoir et inquiétude. Selon un sondage récent du centre Rating Group, plus de la moitié d’entre eux s’attendent à un soutien partiel des États-Unis, tandis qu’un quart redoute qu’il soit minimal. Cette incertitude s’est accrue depuis la rencontre houleuse en février entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky à Washington. Néanmoins, les tensions se sont quelque peu apaisées, notamment grâce à un accord sur l’exploitation des terres rares ukrainiennes.
Donald Trump promet désormais un discours majeur sur la Russie. Les Ukrainiens espèrent qu’il sera suivi d’actes concrets, en particulier pour renforcer les capacités de défense aérienne du pays.
Vers un changement de cap ?
Pour Martin Quencez, directeur du think tank German Marshall Fund à Paris, « le vrai changement viendrait si Donald Trump et le Parti républicain lançaient un processus au Congrès pour voter de nouveaux fonds ». En attendant, la visite de Keith Kellogg représente une étape cruciale pour jauger la réelle volonté américaine d’agir aux côtés de l’Ukraine, alors que les frappes russes se multiplient et que le temps presse.