L’Assemblée nationale a adopté la Loi de finances rectificative samedi 28 juin 2025.
Le texte prévoit d’importants ajustements budgétaires pour relancer l’économie sénégalaise.
Mouhamadou Madana Kane, ex-DG de la BIS, alerte sur deux mesures problématiques.
Il a exprimé ses inquiétudes dans un entretien paru ce lundi dans L’Observateur.

Paiement des arriérés : une mesure à double tranchant

Le gouvernement compte apurer 500 milliards FCFA d’arriérés envers les entreprises.
Les bénéficiaires sont principalement des acteurs du BTP en grande difficulté.
Kane salue la décision mais pointe l’absence de mesures d’encadrement.
Il craint que les entreprises ne réinvestissent pas les fonds reçus.
Elles pourraient préférer épargner à cause d’un climat économique incertain.
Selon lui, cette réaction freinerait la relance attendue de l’économie nationale.

Manque de confiance : un frein à la relance

Kane évoque une frilosité née des blocages économiques des quinze derniers mois.
Les acteurs, selon lui, hésitent à réinjecter dans un système jugé instable.
Il avertit que cette inertie pourrait saboter les prévisions de croissance.
Il recommande un plan de confiance pour stimuler les investissements productifs.

Un endettement accru face à des recettes fiscales en baisse

Le second risque porte sur la forte hausse des besoins de financement.
La LFR prévoit un besoin supplémentaire de 1 141 milliards FCFA pour 2025.
Cette hausse intervient alors que les recettes fiscales sont revues à la baisse.
Kane redoute un recours massif à la dette sous-régionale.
Ce choix résulte de l’abaissement de la note souveraine du Sénégal.
Il complique l’accès au crédit international pour l’État sénégalais.

Risque de désengagement des investisseurs institutionnels

L’expert redoute une baisse de l’intérêt pour les titres d’État sénégalais.
Les banques et assurances pourraient réduire leurs achats pour limiter les risques.
Ce désengagement plongerait l’État dans une incapacité budgétaire et non une simple précarité.
Il alerte sur un possible choc économique si rien n’est anticipé rapidement.

Un appel à des solutions alternatives et urgentes

Kane préconise un plan de financement alternatif hors marché sous-régional.
Il appelle aussi à la création d’un mécanisme de financement d’urgence.
Ces deux dispositifs, selon lui, peuvent prévenir une crise budgétaire majeure.
Il invite l’État à agir vite pour restaurer la confiance et maîtriser la dette.

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