Réunis à Lomé lors d’une conférence de l’Union africaine, les chefs d’État africains ont plaidé ce mercredi pour une annulation « au cas par cas » de la dette publique du continent, devenue insoutenable pour plusieurs pays. Une initiative qui vise à libérer des ressources pour le développement, face à une dette estimée à plus de 1.130 milliards de dollars.
Une dette qui étrangle la croissance
Dans leur déclaration finale, les dirigeants africains ont exprimé leur ferme volonté de plaider pour l’annulation ciblée de la dette, en fonction de la capacité réelle des pays à la rembourser. Cette posture pragmatique répond à un constat alarmant : plus de 25 pays sont désormais en situation de surendettement ou exposés à un risque élevé, rendant difficile tout investissement structurel.
Des chiffres inquiétants
Selon Patrick Ndzana Olomo, directeur du développement économique à la Commission de l’UA, la dette africaine est passée de 436 milliards USD en 2010 à 1.130 milliards en 2024, un bond qui asphyxie les finances publiques.Le service de la dette absorbe environ deux tiers des ressources budgétaires, ce qui freine les investissements dans des secteurs essentiels comme la santé ou l’éducation.
Le plaidoyer de Faure Gnassingbé
Dès l’ouverture de la conférence, le président togolais Faure Gnassingbé a donné le ton : en 2024, l’Afrique a versé plus de 160 milliards USD pour sa dette, davantage que pour ses systèmes de santé et d’éducation réunis. Il propose une nouvelle doctrine de la dette, la considérant non plus comme un mal absolu, mais comme un outil de transformation, s’il est bien encadré.
Vers une position africaine commune
Les chefs d’État se sont engagés à adopter une position unifiée sur la gestion de la dette. L’objectif : structurer une stratégie de négociation collective face aux créanciers internationaux, pour exiger des annulations sélectives et des mécanismes de financement plus adaptés aux réalités africaines.
Un tournant attendu
Ce sommet de Lomé marque un tournant politique dans la façon dont l’Afrique aborde la question de la dette. Il reste à voir si cette volonté commune se traduira en avancées concrètes sur le plan diplomatique et économique, dans un contexte mondial où les équilibres financiers sont de plus en plus fragiles.
