Invité au Global Solutions Summit ce lundi à Berlin, l’ancien président sénégalais Macky Sall a délivré un plaidoyer fort pour un multilatéralisme réformé, soulignant les défis sécuritaires, économiques, climatiques et institutionnels de l’Afrique. Il appelle la communauté internationale à dépasser les logiques d’exclusion et à construire des partenariats plus justes, pour faire face aux crises systémiques actuelles.

Un monde en tension, un appel à la responsabilité collective

Dans un contexte mondial marqué par des tensions géopolitiques croissantes, des inégalités persistantes et un multilatéralisme en perte de légitimité, Macky Sall a salué l’initiative de Global Solutions comme un espace de dialogue nécessaire. Remerciant les organisateurs, il a qualifié ce sommet d’« opportun et salutaire » pour réfléchir aux solutions globales à apporter à une planète en déséquilibre.

Sécurité en Afrique : Pour des mandats plus robustes

Sur la question de la sécurité, notamment dans le Sahel, Macky Sall a dénoncé les mandats limités et inefficaces des opérations de maintien de la paix. Il appelle à des mandats plus robustes et à un soutien renforcé du Conseil de sécurité et des partenaires techniques au profit de l’Architecture africaine de paix et de sécurité. Pour lui, la lutte contre le terrorisme doit être assumée comme une responsabilité collective.

Injustices économiques : L’Afrique veut des règles équitables

Avec 60 % des terres arables non exploitées et des ressources naturelles abondantes, Macky Sall a rappelé que l’Afrique détient un potentiel stratégique mondial. Toutefois, il fustige un ordre économique inéquitable, dominé par des règles fiscales défavorables et des notations financières biaisées qui freinent l’accès au crédit. Il appelle à une refonte de la fiscalité internationale et à des règles de crédit export plus souples, insistant sur la nécessité de partenariats équitables, au-delà de la seule aide publique.

Climat : Une transition énergétique juste et financée

Concernant la justice climatique, Macky Sall a dénoncé le paradoxe que vit l’Afrique, moins pollueuse mais plus pénalisée. Il a critiqué l’interdiction de financement des énergies fossiles décidée à la COP26, qu’il juge inadaptée aux réalités africaines. Il a plaidé pour une mobilisation de financements climatiques et a rappelé son engagement en tant que président du Conseil de surveillance du Centre mondial pour l’adaptation, appelant à soutenir la seconde phase de l’AAAP pour lever 25 milliards de dollars d’ici 2030.

Vers un nouveau multilatéralisme inclusif

Enfin, Macky Sall a réclamé une réforme en profondeur des institutions internationales, estimant que leur configuration actuelle alimente frustrations et contestations. Il s’est félicité de l’admission de l’Union africaine au G20 et de la présence croissante de l’Afrique au FMI, tout en appelant à une représentation équitable au sein du Conseil de sécurité et de la Banque mondiale.

Un plaidoyer pour l’humanité et la coopération

Macky Sall a clos son intervention par un appel à l’espérance agissante, fondée sur le dialogue, la coopération et l’humanité partagée. Selon lui, seule une action collective et une réforme courageuse des structures actuelles permettront de réduire les fractures mondiales et de construire un avenir plus juste pour tous.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *