Deux ans après le coup d’État du 26 juillet 2023, le général Abdourahamane Tiani a pris la parole à la télévision nationale. Dans une allocution marquée par un ton offensif, il a dénoncé l’ingérence étrangère et appelé les Nigériens à « choisir la dignité ». Ce discours intervient dans un contexte tendu, entre l’isolement persistant du président déchu Mohamed Bazoum et un bilan économique mitigé.

Le général Tiani attaque frontalement l’ingérence étrangère

Ce 25 juillet, le général Abdourahamane Tiani est apparu à la télévision nationale, vêtu de son uniforme militaire impeccable et coiffé d’un béret vert orné de cinq étoiles. D’emblée, il a accusé les « forces impérialistes » de déstabiliser le Niger et d’entraver les efforts de redressement initiés par son régime.

Ensuite, tout en reconnaissant l’impact des « attaques multiformes venues de l’extérieur », il a exhorté les Nigériens à faire un choix décisif : accepter « le chaos et la soumission » ou défendre « la dignité dans l’honneur ». Cependant, il n’a fait aucune mention des pertes humaines récentes, notamment les soldats et civils tués lors des attaques terroristes. Enfin, il a invité la population à prier pour un avenir meilleur pour le pays.

Mohamed Bazoum, toujours en détention stricte deux ans après le putsch

L’allocution du général coïncidait avec le deuxième anniversaire du coup d’État du 26 juillet 2023. Ce jour-là, à Niamey, la garde présidentielle avait encerclé la résidence du président Mohamed Bazoum. Malgré le refus catégorique de ce dernier de quitter ses fonctions, le général Tiani avait pris le pouvoir.

Depuis lors, les autorités maintiennent Mohamed Bazoum et son épouse Hadiza en détention stricte. Privés de tout contact extérieur, de téléphone et de radio, le couple vit reclus dans deux pièces. Seuls un médecin qui passe une fois par semaine et deux cuisiniers fidèles assurent un minimum de lien avec l’extérieur. D’après un proche, « ils restent en bonne santé, courageux et résistants ».

De nombreux témoignages dénoncent cet isolement imposé à un président « à qui l’on ne reproche rien ». Un ancien collaborateur évoque une existence austère, un quotidien rythmé par la résilience et soutenu uniquement par « la force des convictions ».

Une croissance économique en hausse, mais des fragilités persistantes

Sur le plan économique, la junte affiche une croissance notable. En 2024, le PIB du Niger a progressé de 8,4 %, principalement grâce à l’augmentation de la production pétrolière et à de bonnes récoltes agricoles.

Parallèlement, les autorités ont entrepris plusieurs réformes majeures. Elles ont notamment nationalisé la filiale nigérienne de la multinationale française Orano, active dans l’exploitation de l’uranium. Elles ont aussi fermé la frontière avec le Bénin, principal débouché commercial du pays. Cette décision a provoqué une chute drastique des échanges, une flambée des prix des produits importés et une inflation atteignant 9,1 % l’an dernier.

Des conditions sociales et bancaires de plus en plus précaires

Face à cette inflation, le gouvernement a tenté d’atténuer les effets de la vie chère en subventionnant le carburant et le ciment. Malgré ces efforts, la Banque mondiale constate une hausse importante du taux d’extrême pauvreté.

En parallèle, le système bancaire traverse une grave crise. Entre juillet 2023 et fin 2024, les liquidités ont chuté de 62 %, sous l’effet des sanctions de la CEDEAO et de la fuite des dépôts. Cette situation a directement affecté l’économie réelle : les prêts au secteur privé ont fortement reculé, entraînant une baisse de 60 % des créations d’emplois formels, selon l’économiste Ibrahim Adamou Louché.

Un avenir encore flou pour le Niger

Alors que le général Tiani promet stabilité et souveraineté, le Niger reste confronté à de multiples défis : une insécurité persistante, une marginalisation diplomatique, une crise sociale aiguë et une économie bancale. Pendant ce temps, Mohamed Bazoum demeure enfermé, incarnant aux yeux de beaucoup l’incertitude d’une transition qui, deux ans après le putsch, peine encore à convaincre.

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