Mascate, 12 avril 2025 – Après plusieurs mois de tensions et de déclarations croisées, les États-Unis et l’Iran ont renoué un dialogue diplomatique inédit ce samedi à Oman. Ces pourparlers indirects, organisés dans la capitale Mascate, marquent une tentative de relance des discussions sur le programme nucléaire iranien, dans un contexte géopolitique tendu mais évolutif.
Un ton prudent mais encourageant
À l’issue de la rencontre, les deux parties ont fait preuve d’un optimisme mesuré. Du côté américain, un haut responsable du département d’État a salué « un pas en avant » et des échanges « très positifs et constructifs ». Pour l’Iran, le ministre adjoint des Affaires étrangères Abbas Araghchi, figure diplomatique familière des négociations sur le nucléaire, a parlé d’un dialogue « productif », annonçant la reprise des discussions le samedi suivant.
Ces propos tranchent avec la rhétorique tendue des derniers mois, marqués par des accusations mutuelles de non-respect de l’accord sur le nucléaire et par un regain de tension au Moyen-Orient.
Un climat plus détendu et une médiation active
Le ministre omanais des Affaires étrangères, Badr al-Boussaïdi, qui a joué un rôle central de facilitateur, a qualifié l’atmosphère des discussions de « cordiale ». Oman, connu pour sa position de neutralité dans les conflits régionaux, s’affirme une nouvelle fois comme une plateforme diplomatique de confiance, entre l’Iran et ses interlocuteurs occidentaux.
Si les échanges sont restés indirects, une brève entrevue informelle entre Abbas Araghchi et Steve Witkoff, l’émissaire spécial du président américain Donald Trump, a été signalée. Cette rencontre, bien que non inscrite à l’agenda officiel, témoigne d’un assouplissement du protocole visant à créer des passerelles de dialogue.
Un objectif commun : éviter l’impasse
Lors de sa déclaration sur la télévision d’État, Araghchi a insisté sur le besoin de pragmatisme :
« Nous nous sommes beaucoup rapprochés d’une base de négociation. Personne ne veut perdre du temps dans des discussions stériles. »
Il a par ailleurs confirmé que les deux camps partagent le souhait d’un accord réalisable à court terme, tout en reconnaissant que cela nécessitera des efforts bilatéraux sincères et une volonté politique affirmée.
En toile de fond : l’accord de 2015 et les enjeux régionaux
Les négociations s’inscrivent dans la continuité de l’accord de Vienne de 2015 (JCPOA), abandonné par les États-Unis en 2018 sous l’administration Trump. Depuis, l’Iran a progressivement réduit sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et enrichi de l’uranium à des niveaux proches de l’usage militaire. Washington souhaite un retour encadré à l’accord, élargi à d’autres volets, notamment les activités balistiques et l’influence régionale de l’Iran (Syrie, Yémen, Hezbollah…).
Téhéran, de son côté, exige la levée des sanctions économiques qui étranglent son économie, en échange de garanties sur ses engagements nucléaires.
Vers une reprise du dialogue diplomatique ?
Ces discussions, bien qu’encore embryonnaires, ravivent l’espoir d’une désescalade progressive, à condition que le climat de confiance puisse s’installer durablement. La semaine prochaine, la reprise des échanges annoncée pourrait permettre de préciser les contours d’un nouveau cadre de négociation, à défaut d’un retour immédiat au JCPOA.
L’administration Trump, malgré sa ligne dure, semble désormais prête à explorer des voies de compromis, à la veille d’un cycle électoral qui pourrait rebattre les cartes sur le plan intérieur comme international.