La Suède a surpris la communauté internationale en proposant Jesper Brodin, directeur général du géant Ikea, pour prendre la tête du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Un choix audacieux pour un poste habituellement confié à des experts du monde humanitaire.
Un patron du privé pour un poste humanitaire
Jesper Brodin, 55 ans, a passé toute sa carrière chez Ikea, qu’il dirige depuis 2017. Huit ans plus tard, Stockholm mise sur lui pour incarner un nouveau type de leadership à l’ONU.
Selon le gouvernement suédois, « les défis humanitaires à venir nécessitent des approches innovantes, fondées sur une collaboration accrue entre le développement international et le monde des affaires ».
Benjamin Dousa, ministre suédois de la Coopération au développement international, estime qu’« une personne issue du secteur privé pourrait renforcer le système des Nations unies », particulièrement dans une période marquée par des crises multiples et des financements en baisse.
Une agence confrontée à une double crise
La candidature de Brodin intervient à un moment critique pour le HCR. Le nombre de réfugiés et déplacés internes a doublé en dix ans, tandis que les contributions internationales diminuent. Le mandat de l’actuel Haut-Commissaire, Filippo Grandi — un diplomate chevronné des questions migratoires —, s’achève à la fin de l’année.
Face à lui, une autre personnalité inattendue a déjà déclaré sa candidature : Anne Hidalgo, la maire de Paris, qui mène campagne activement depuis plusieurs semaines et a multiplié les visites diplomatiques, notamment au siège de l’ONU.
Un pari risqué pour la Suède
Le profil de Jesper Brodin, éloigné du monde humanitaire, suscite autant de curiosité que de scepticisme. Reste à savoir si sa vision managériale et son expérience dans une multinationale suffiront à convaincre les États membres de l’ONU qu’il est l’homme de la situation pour diriger une agence en quête de ressources et de crédibilité.