Une crise institutionnelle évitée de justesse
Vendredi à Lomé, un incident majeur a marqué la 2e session ordinaire du Conseil des ministres de l’UEMOA. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont quitté précipitamment la réunion. Ils dénoncent le non-respect de la règle de présidence tournante, qui devait revenir au Burkina Faso.
Une présidence contestée
Selon l’article 11 du traité de l’UEMOA, la présidence du Conseil revient à tour de rôle aux ministres des Finances des États membres. Le mandat actuel du ministre ivoirien est arrivé à terme. Pourtant, aucun consensus n’a été trouvé pour désigner son successeur burkinabé.
Résultat : un boycott symbolique, révélateur de tensions croissantes entre les pays de l’AES et les autres membres.
Vers une fracture politique au sein de l’Union ?
Le désaccord va au-delà d’un simple protocole. Il reflète une fracture idéologique. D’un côté, les États membres de la CEDEAO restent dans la ligne de l’intégration régionale classique. De l’autre, les pays de l’AES cherchent une autonomie économique et une rupture avec les anciens partenariats, notamment avec la France.
Un expert malien résume ainsi la situation :
« C’est une démonstration de force de l’AES. Ils veulent réformer ou se séparer. »
Un arbitrage attendu des chefs d’État
Face au blocage, la Conférence des chefs d’État de l’UEMOA doit intervenir pour trancher. Sans cela, le statu quo risque d’aggraver les tensions et de fragiliser l’intégration régionale.
Le franc CFA, monnaie de discorde
Au cœur du désaccord, on retrouve le franc CFA, toujours garanti par la France. Les pays de l’AES rejettent ce lien monétaire hérité de la colonisation. La rupture avec Paris, déjà actée sur le plan diplomatique, pourrait s’étendre à la sphère monétaire.
Créée en 1994, l’UEMOA regroupe huit pays sous le slogan « Huit pays, un destin ». Mais aujourd’hui, ce destin commun semble menacé.