Des archéologues sénégalais mènent pour la première fois des fouilles au cimetière militaire de Thiaroye afin de lever le voile sur le massacre des tirailleurs sénégalais de 1944. L’armée coloniale française a abattu ces anciens combattants africains, revenus de la Seconde Guerre mondiale, alors qu’ils réclamaient le paiement de leurs soldes.
Des découvertes majeures
Depuis mai 2025, les fouilles ont permis de retrouver sept squelettes, selon le colonel Saliou Ngom, directeur des archives et du patrimoine historique de l’armée sénégalaise. Ces découvertes démontrent que des corps ont bien été enterrés sur le site, contredisant ainsi les thèses précédentes.
L’archéologue Moustapha Sall précise que certains squelettes présentent des traces de violences, comme des balles près du cœur, des chaînes aux tibias ou des os manquants. Les archéologues ont également découvert des boutons militaires, des bottes, des bagues et des coffrages en bois, confirmant la présence de soldats coloniaux parmi les victimes.
Analyses génétiques et balistiques
Les chercheurs complètent leurs travaux par des analyses ADN et balistiques afin de déterminer l’origine des victimes et les armes utilisées. Le gouvernement sénégalais a commandé un radar de pénétration du sol (RPS) pour explorer plus profondément le cimetière.
« Cela fait 81 ans que nous cherchons la vérité historique. Si le sous-sol nous parle enfin, c’est une avancée majeure », souligne le colonel Ngom.
Mémoire et reconnaissance
Le massacre de Thiaroye reste un traumatisme historique au Sénégal et dans plusieurs pays ouest-africains. Un Livre blanc, remis le 16 octobre 2025 au président
Bassirou Diomaye Faye estime que l’armée coloniale a tué 300 à 400 tirailleurs, bien plus que les 70 victimes officielles reconnues à l’époque.
Le président Faye a validé la poursuite des fouilles sur tous les sites susceptibles d’abriter des fosses communes, renforçant la mémoire des tirailleurs africains.
En novembre 2024, le président français Emmanuel Macron avait reconnu pour la première fois qu’un « massacre » avait eu lieu à Thiaroye, marquant un tournant dans la reconnaissance des crimes coloniaux.
