Malgré ses atouts culturels, naturels et géographiques unanimement reconnus, le Sénégal reste loin de tirer pleinement profit de son secteur touristique. Selon le directeur général de l’Agence sénégalaise de promotion touristique (ASPT), Dr Adama Ndiaye, la contribution du tourisme au PIB plafonne à 7,1 %, un niveau comparable à celui du Maroc, mais très inférieur à ses voisins immédiats.
Un retard visible face aux petits États de la région
Pour le Dr Ndiaye, la comparaison est sans appel :
- La Gambie : près de 20 % du PIB issu du tourisme ;
- Le Cap-Vert : environ 25 %, faisant du secteur un pilier majeur de son économie.
« Ces performances soulignent le retard du Sénégal dans l’exploitation de ses richesses touristiques, pourtant largement supérieures », explique-t-il.
En 2023, le Sénégal n’a attiré que 780 000 touristes, un chiffre jugé « très en deçà » des standards internationaux, alors même que le pays dispose d’un hub aérien stratégique, d’un patrimoine culturel riche, d’un littoral étendu et d’une infrastructure hôtelière plus développée que celle de ses voisins.
Le problème : la visibilité, pas l’offre
Pour le DG de l’ASPT, le principal frein n’est pas la qualité du produit, mais son manque de présence sur les marchés :
« Le Sénégal fait rêver, mais il n’est pas suffisamment visible ni bien positionné sur les marchés émetteurs. »
À titre de comparaison, la Gambie accueille un nombre de touristes équivalent à près de la moitié de sa population, alors que le Sénégal est loin d’atteindre ce ratio.
Relance en cours, mais encore timide
Durant les crises sanitaires, l’État a misé sur le tourisme intérieur, ce qui a permis de maintenir certaines activités. Mais face à la concurrence croissante de pays comme le Rwanda ou l’Afrique du Sud, et même de voisins plus offensifs en communication, la reprise internationale du Sénégal reste en dessous des attentes.
Pourtant, la Vision Sénégal Horizon 2050 place le tourisme comme moteur central de développement dans sept des huit pôles économiques.
Vers une stratégie intégrée : tourisme, culture, artisanat, gastronomie
La secrétaire générale du ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Seynabou Niang, souligne l’importance d’un repositionnement global :
« Le Sénégal doit promouvoir une offre touristique enrichie par la culture, l’artisanat, la gastronomie et les grands événements. Le Salon de Dakar doit devenir une vitrine annuelle de la destination. »
Selon elle, le pays doit mieux structurer, raconter et promouvoir ses ressources uniques, tant nationalement qu’à l’international.
Le SITD 2027 comme tournant stratégique
L’organisation du Salon international du tourisme de Dakar (SITD) en décembre 2027 marquera une étape majeure. Le rendez-vous réunira :
- des pays africains,
- des compagnies aériennes,
- des tour-opérateurs,
- des artisans et acteurs culturels.
