La Centif enquête sur des transactions suspectes de 40 milliards FCFA.
Elle soupçonne une vaste opération de blanchiment liée au commerce du riz.
Libération révèle des virements douteux, sociétés-écrans et manquements réglementaires.
Les flux financiers proviennent de plusieurs pays à forte activité offshore.
Trois sociétés sénégalaises au cœur du réseau
Trois entités sont ciblées : Prime Suarl, San Suarl et Saint-Louis Trading Sarl.
Deux d’entre elles, Prime et San, sont dirigées par des ressortissants indiens.
Ces sociétés affirment travailler dans la distribution de produits alimentaires.
En huit mois, elles ont brassé plus de 40 milliards FCFA.
Des justificatifs douteux et des fonds renvoyés
La Centif a analysé les documents fournis pour ces virements.
Les justificatifs étaient parfois identiques pour des transferts différents.
Les banques, méfiantes, ont fini par retourner certains fonds à l’envoyeur.
Ces incohérences ont renforcé les soupçons de blanchiment.
Un volume d’importations sans rapport avec les flux
Les chiffres des importations ne correspondent pas aux mouvements bancaires.
Prime Suarl a importé 4813 tonnes de riz en 2016, pour 613 millions FCFA.
San Suarl, entre 2016 et 2019, a importé pour 3,05 milliards FCFA.
Ces montants sont très inférieurs aux flux entrants enregistrés.
Des obligations fiscales totalement ignorées
La Dgid n’a trouvé aucune trace fiscale des dirigeants des sociétés.
Les entreprises n’ont jamais déclaré d’activités commerciales aux Impôts.
Leurs comptes fiscaux sont fermés depuis leur création.
Pourtant, elles génèrent des milliards sans contrôle apparent.
Des opérations de change non conformes à la loi
Les fonds venaient notamment de Dubaï via Terra Firma Commodities.
Les transferts ont contourné les règles UEMOA sur le change.
Aucune domiciliation bancaire n’a été respectée.
La Centif soupçonne une stratégie délibérée de dissimulation.
Une enquête internationale freinée
La Centif a sollicité plusieurs pays : Côte d’Ivoire, Turquie, Inde, Émirats.
Aucune cellule financière étrangère n’a répondu aux demandes d’information.
Ce silence alimente les interrogations sur l’origine des fonds.
Les services fiscaux et douaniers entrent en action
La Centif a saisi la Douane et les Impôts pour approfondir l’enquête.
Les autorités veulent vérifier les opérations commerciales réelles.
Elles cherchent aussi des infractions fiscales ou de change.
Ce dossier pourrait devenir un cas emblématique de fraude internationale.
