Dans un entretien accordé à L’Observateur, le directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama, salue l’ouverture d’enquêtes sur les violences politiques survenues entre 2021 et 2024. Il exige que les investigations soient rigoureuses et n’épargnent aucun niveau de responsabilité, y compris celle de l’ancien président Macky Sall.
Les premières convocations liées aux violences politiques qui ont secoué le Sénégal entre 2021 et 2024 marquent, pour Seydi Gassama, un tournant. Interrogé par L’Observateur, le directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal se félicite du lancement des procédures judiciaires, notamment avec les auditions de figures comme Pape Abdoulaye Touré et de familles de victimes telles que celles de Cheikh Wade et Alassane Barry.
Mais pour l’activiste des droits humains, ces premiers pas ne sauraient suffire. Il appelle à une « enquête rigoureuse, indépendante et approfondie », qui devra viser tous les échelons de responsabilité, y compris les sphères politiques. « Il est impensable que les violences aient pu durer trois ans sans aval politique », déclare-t-il, soulignant qu’« une absence de sanctions reflète une forme de tolérance, voire de complicité, du pouvoir en place, notamment sous Macky Sall ».
Seydi Gassama insiste pour que les forces de sécurité impliquées soient formellement identifiées, interrogées et que les chaînes de commandement soient minutieusement retracées. L’objectif : « remonter jusqu’aux donneurs d’ordres, potentiellement jusqu’à l’ex-président Macky Sall, si les faits le justifient ».
En défendant une justice équitable pour toutes les victimes, qu’elles soient civiles ou membres des forces de l’ordre, il voit dans ce processus une occasion historique de rompre avec l’impunité qui entoure les crimes politiques au Sénégal. « Amnesty International restera vigilante pour que cette justice ne soit pas une simple opération de façade », conclut-il.
Ce plaidoyer de Gassama s’inscrit dans un contexte de forte attente citoyenne, alors que le pays cherche à panser les plaies d’une période marquée par des violences meurtrières, souvent attribuées à une répression politique orchestrée.