Une alerte face à un cycle politique figé

Le 12 juillet, Yoro Dia a présenté ses deux nouveaux ouvrages devant des intellectuels et responsables d’État.
Il y dénonce une démocratie sénégalaise piégée dans un éternel recommencement.
« Depuis 1983, on débat des mêmes sujets : code électoral, justice, dialogue national », déplore-t-il.

Une démocratie de Sisyphe, selon ses mots

Son livre « Le Sénégal, une démocratie de Sisyphe » résume sa thèse.
« À chaque alternance, on revient au point de départ », souligne-t-il.
Il cite les dates similaires d’installation des présidents Wade, Sall et Faye.
Pour lui, cette régularité démontre la solidité administrative, mais un blocage politique persistant.

Un modèle qui stagne malgré sa stabilité

Yoro Dia critique une classe politique obsédée par les élections.
Il l’accuse de pirater son intelligence à 95 % pour des enjeux électoraux.
Il utilise le mot wolof Dem dik : « On vise la Suède, mais on revient au Congo ».
Il regrette que la stabilité démocratique du Sénégal n’ait jamais généré de retombées économiques durables.

Une démocratie sans performance économique

Pour lui, le Sénégal ressemble à la Suisse de 1648 : stable, mais entouré de tensions.
Cependant, le pays n’a jamais tiré profit de cette stabilité.
Il affirme que le pays a déjà raté les alternances de 2000, 2012 et 2024, faute de rupture.

Un débat politique dominé par les juristes

Dia dénonce une démocratie trop juridique, trop procédurière.
Il plaide pour que les entrepreneurs, économistes et industriels investissent le débat public.
« Il faut chasser les juristes de l’espace politique », assène-t-il.
L’objectif : passer d’une exception démocratique à une exception économique.

Des intellectuels moteurs de changement

Dans son second ouvrage, Dia revient sur le rôle des intellectuels avant l’alternance de 2000.
Il cite la professeure Aminata Diaw : « On est passé d’une démocratie des lettrés à une démocratie des masses ».
Il rappelle que les radios en wolof ont élargi l’accès au débat citoyen.
Il évoque aussi Céline Morbay, qui notait la jeunesse massive du corps électoral.

Une ambition claire : devenir la Suisse de l’Afrique

Pour Yoro Dia, l’objectif est clair : « faire du Sénégal le pays le plus riche d’Afrique de l’Ouest dans dix ans ».
Il insiste : l’alternance ne doit plus être un exploit, mais une banalité.
Le vrai défi reste la réorientation du débat vers les questions économiques.
« Même en Casamance, on n’aborde jamais l’enjeu économique », regrette-t-il.

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