Sophie Diougue Ndiaye est une figure exceptionnelle évoluant dans un milieu largement masculinisé. En tant que première femme conductrice de bus chez Dakar Dem Dikk, elle a su manœuvrer aussi bien le volant que l’équilibre entre son travail et les tâches ménagères. Mère de quatre enfants, elle se lève à 4 heures, bien avant l’aube, pour accomplir ses responsabilités domestiques avant de se rendre au travail. Retour sur le parcours d’une femme ayant tout vu et tout entendu.
Originaire de la Petite Côte, Sophie Diougue Ndiaye, âgée de 46 ans, entretient une passion profonde pour le transport. Elle n’est pas arrivée à ce poste par hasard. Si l’on devait utiliser une analogie militaire, on pourrait dire qu’elle n’a pas simplement gravi les échelons, mais plutôt qu’elle a parcouru son chemin, débutant dans la mécanique, puis conduisant des taxis et enfin des voitures clandestines. C’est ce parcours qui l’a conduite à Dakar Dem Dikk, où elle a rapidement convaincu et gagné la confiance des responsables de la société.
Chaque jour, elle transporte plus de 50 passagers entre Mbour et Dakar à bord de bus Dem Dikk.
**Ménage et travail : Le secret d’une réussite**
Sophie n’a pas de femme de ménage. Sa fille aînée, âgée de 13 ans, prend en charge les tâches ménagères. Madame Ndiaye a impliqué sa fille dès son plus jeune âge dans les activités domestiques pour assurer la continuité en son absence.
« Franchement, mon ménage n’est pas un obstacle pour mon travail. Grâce à ma fille aînée, je gère ma maison et mon travail. J’ai initié ma fille aux tâches ménagères dès son plus jeune âge. Je ne regrette rien. Elle prend le relais pendant mes absences. Au réveil, je fais ce que je peux, et le reste, elle s’en occupe. Ce n’est pas compliqué pour moi. Une fois au travail, j’ai l’esprit tranquille parce qu’elle gère bien la maison », confie-t-elle.
**Le coup de cœur**
Sa passion pour la conduite de bus dissipe la fatigue, malgré les départs matinaux et les longues distances à parcourir chaque jour. Elle travaille comme un homme.
« J’aime conduire, c’est pourquoi une fois au volant, j’oublie tous mes soucis. Je ne ressens pas la fatigue parce que la conduite est ma passion, et je me suis habituée à ma routine de 4 heures du matin. Ce métier est mon coup de cœur. Je m’y retrouve avec beaucoup de fierté », raconte la conductrice.
**Des anecdotes**
Pourtant, tout n’a pas toujours été facile pour madame Ndiaye. Elle partage des anecdotes qui l’ont profondément marquée. Elle a été victime de nombreuses critiques négatives visant à la décourager, aussi bien de la part de personnes tentant de la dévaloriser que de passagers la jugeant incapable.
« Au début, c’était difficile. Tout le monde pensait que je n’irais pas loin. Mais j’ai cru en moi, et j’ai avancé sans prêter attention aux critiques », confie-t-elle.
Certaines critiques et plaisanteries restent gravées dans sa mémoire, résonnant comme si elles dataient d’hier. À l’âge d’une quarantaine d’années, elle partage quelques souvenirs.
« Il m’arrivait de monter dans le bus pour prendre le volant, et j’entendais des passagers me saboter en disant qu’aucune femme n’a la capacité et le courage de conduire un si grand bus. Parfois, on m’insultait. Mais j’y allais avec sang-froid, et je remercie la société Dakar Dem Dikk de m’avoir formée, car mes collègues m’ont aidée à forger ma personne. Ce que certains ne savent pas, c’est que Dakar Dem Dikk ne confie jamais la responsabilité de conduire un bus de la société à une personne qui n’a pas les compétences requises », précise madame Ndiaye.
**Une mission accomplie jour après jour**
Chaque jour, à 18 heures, elle retrouve sa famille après avoir assuré les trajets Mbour-Dakar et Dakar-Mbour. À la fin de chaque journée, elle ressent la joie et le soulagement. Le reste de la journée est précieux et consacré à sa famille. « Quand je rentre à 18 heures, la première chose à faire est de remercier Dieu d’avoir accompli la lourde tâche de transporter plus de 50 personnes en paix et en sécurité. Je me détache de Dakar Dem Dikk pour