Un verdict contrasté pour Gabrielle Kane

La Cour d’appel de Dakar a rendu son verdict dans l’affaire opposant la militante féministe Gabrielle Kane à El Hadji Souleymane Cissé. Initialement condamnée en première instance pour diffamation, injures et collecte de données à caractère personnel, la prévenue a été partiellement relaxée. Si elle est désormais disculpée du chef d’accusation d’injures publiques, elle reste toutefois reconnue coupable de diffamation et condamnée à une peine de trois mois de prison avec sursis, assortie du paiement de 2 millions de francs CFA de dommages et intérêts à la partie plaignante.

Les faits reprochés à Gabrielle Kane

L’affaire trouve son origine dans une publication faite par Gabrielle Kane sur les réseaux sociaux. La militante y dénonçait l’attitude d’El Hadji Souleymane Cissé, qu’elle accusait d’avoir épousé une jeune fille de 18 ans avant de la répudier sous prétexte qu’elle n’était pas vierge. Cette déclaration, largement relayée, avait conduit Cissé à déposer une plainte pour diffamation, injures et atteinte à sa vie privée.

En mai 2022, le tribunal correctionnel de Dakar avait condamné Gabrielle Kane pour ces faits, estimant que ses propos portaient atteinte à l’honneur et à la réputation du plaignant. La militante féministe avait alors interjeté appel, contestant la décision.

Un verdict nuancé en appel

Après plusieurs mois d’attente, la Cour d’appel de Dakar a rendu son verdict. Le tribunal a infirmé une partie du jugement initial en relaxant Gabrielle Kane du délit d’injures publiques. Toutefois, elle a été reconnue coupable de diffamation et condamnée à une peine de prison avec sursis.

En plus de cette sanction pénale, elle devra également verser une compensation financière de 2 millions de francs CFA à El Hadji Souleymane Cissé au titre de dommages et intérêts. Une décision qui, selon les observateurs judiciaires, reflète la volonté de la justice sénégalaise de trouver un équilibre entre la liberté d’expression et la protection de la réputation des citoyens.

Réactions et implications

Suite à l’annonce du verdict, les réactions n’ont pas tardé à se faire entendre. Les partisans de Gabrielle Kane dénoncent une décision qui, selon eux, freine la lutte contre les violences faites aux femmes et limite la liberté d’expression des militants des droits humains. De l’autre côté, les soutiens d’El Hadji Souleymane Cissé saluent une décision qu’ils jugent juste et proportionnée.

Ce procès relance ainsi le débat sur les limites de la prise de parole publique, notamment sur les réseaux sociaux, et sur la manière dont la justice sénégalaise arbitre entre le droit à l’information et la protection de la vie privée.

L’affaire Gabrielle Kane s’inscrit dans un contexte plus large où les activistes et militants des droits des femmes font face à des poursuites judiciaires pour leurs dénonciations. Ce verdict pourrait donc créer un précédent dans la jurisprudence sénégalaise en matière de diffamation et de liberté d’expression.

Conclusion

Avec cette décision, la Cour d’appel de Dakar a rendu un verdict équilibré, relaxant Gabrielle Kane sur le délit d’injures tout en maintenant une condamnation pour diffamation. Si cette décision permet à la militante d’éviter la prison, elle reste néanmoins marquée par une sanction judiciaire qui pourrait influencer les futures prises de parole sur les réseaux sociaux.

L’affaire ne semble pas totalement close, et il reste à voir si Gabrielle Kane envisage de se pourvoir en cassation pour contester cette décision. Quoi qu’il en soit, ce procès met en lumière la complexité du débat entre la dénonciation des injustices et les limites légales de la liberté d’expression.

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