Pacte social : vers une tempête syndicale ?
La semaine dernière, le gouvernement, les organisations patronales et les centrales syndicales ont signé un pacte de stabilité sociale. Cette entente tripartite vise à apaiser le front social et à stimuler la productivité nationale.
Hier, en Conseil des ministres, le président Bassirou Diomaye Faye a rappelé aux signataires l’impératif de respecter leurs engagements. Il leur a aussi demandé de finaliser les plans d’action et d’évaluer périodiquement leur mise en œuvre, tant au niveau global que sectoriel.
Mais à peine signé, le pacte suscite déjà de vives contestations. La Fédération Générale des Travailleurs du Sénégal/Branches (FGTS/B) a dénoncé un texte signé sans concertation réelle. Mballo Dia Thiam et ses camarades accusent les signataires d’avoir trahi les travailleurs licenciés et d’avoir ignoré les revendications spécifiques des syndicats de branche.
Le Syndicat des travailleurs de la Justice (Sytjust) rejette également l’accord, estimant qu’il est « non inclusif » et ne répond pas à ses attentes.
Les syndicats de l’éducation, dont les principaux ne sont affiliés à aucune centrale, continuent de pointer les dysfonctionnements du ministère de l’Éducation. D’autres mouvements préparent déjà leur riposte. Le Front syndical de défense du travail (FSDT) avait d’ailleurs annoncé son refus bien avant la signature.
Un pacte sans socle solide
En réalité, ce pacte repose sur une base fragile. L’État a négocié avec des responsables syndicaux retraités, déconnectés des réalités du monde du travail. Beaucoup dénoncent l’absence de légitimité de ces centrales, fossilisées par des leaders en place depuis plus de 30 ans.
Dans une chronique publiée le 9 janvier dernier, intitulée « Pacte social : Diomaye Faye recopie les erreurs de Macky Sall », nous alertions déjà :
« Durant ses deux mandats, Macky Sall a signé des pactes sociaux qui ont endormi les centrales syndicales, sans jamais calmer le front social. Grèves, tensions, frustrations : les accords n’ont pas tenu leurs promesses. »
Aujourd’hui, le président Faye semble répéter la même erreur, en célébrant ce qu’il appelle un « consensus social remarquable ». Mais les mouvements de grève imminents risquent de lui rappeler que ce pacte n’a aucune portée réelle.
La paix sociale ne se décrète pas. Elle se construit avec des partenaires légitimes, ancrés dans les réalités du terrain.