Le régime malien continue de vanter les progrès de son armée. Pourtant, les attaques jihadistes se multiplient, les pertes militaires s’aggravent, et la transition entre Wagner et Africa Corps n’apaise ni les doutes, ni les violences.
Une dynamique inquiétante sur le terrain
Depuis 2012, le Mali affronte des groupes jihadistes ancrés dans le centre et le nord du pays. Ces dernières semaines, la situation s’est brusquement détériorée. Le 23 mai, à Dioura, une attaque a fait une quarantaine de morts. Le 1er juin, Boulikessi a perdu une centaine de soldats. Le 4 juin, Tessit a aussi été frappée, avec un bilan similaire.
Le gouvernement reste discret : peu de bilans officiels, certaines attaques même passées sous silence. Pourtant, les témoignages convergent : les jihadistes frappent plus fort, plus souvent.
Un discours politique déconnecté ?
Face à l’ampleur des violences, les autorités de transition parlent toujours de « montée en puissance » de l’armée. Pour l’état-major, il ne s’agit que d’un « sursaut » d’ennemis déjà vaincus mais « ressuscités par des forces identifiées » — une allusion voilée à la France, régulièrement accusée par Bamako d’armer les jihadistes, sans preuve.
Le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, affirme même que « le niveau d’insécurité a drastiquement baissé », à rebours du vécu des Maliens. Dans les régions touchées, les couvre-feux nocturnes se multiplient.
Drones maliens, partenaires russes : stratégie inchangée
L’armée malienne réplique par des frappes de drones à Kidal et Tessit. Les autorités parlent de « recherche et destruction » de groupes armés. Mais la stratégie 100 % militaire, initiée depuis des années, montre ses limites.
Wagner cède la place à Africa Corps
Vendredi dernier, le départ officiel de Wagner du Mali a été confirmé. Actif depuis 2021, le groupe paramilitaire russe laisse sa place au « Corps africain », une entité créée par le ministère russe de la Défense. Wagner n’a jamais été reconnu officiellement par Bamako. La nouvelle structure ne l’est pas plus.
Ce changement s’opère dans l’opacité. Les anciens mercenaires de Wagner, y compris des chefs, rejoignent l’Africa Corps. Moscou promet une continuité. Les Maliens, eux, redoutent surtout une continuité brutale.
Des réactions tranchées
Le JNIM, affilié à al-Qaïda, voit dans ce passage de témoin une chance : « La Russie doit tirer les leçons de l’Afghanistan », dit-il. Pour le Front de libération de l’Azawad (FLA), cette transition est une simple « substitution d’un bras armé terroriste par un autre ».
Un conflit sans fin à l’horizon
Malgré les discours rassurants, les groupes jihadistes progressent. Ils étendent leur emprise du centre jusqu’au sud du Mali. Le terrain contredit la communication officielle. La guerre continue, apparemment comme avant, peut-être plus intensément.