Réunis ce dimanche 14 décembre à Abuja, au Nigeria, à l’occasion du 68ᵉ sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), les chefs d’État de la région ont affiché une position ferme contre les coups d’État militaires. Les crises politiques récentes en Guinée-Bissau et au Bénin, ainsi que la lutte contre le terrorisme, ont dominé les travaux.
Après le coup d’État survenu le mois dernier à Bissau et la tentative de putsch déjouée le 7 décembre à Cotonou, la situation politique dans ces deux pays s’est imposée à l’agenda des dirigeants ouest-africains. La question sécuritaire, marquée par la montée du terrorisme et de l’extrémisme violent, a également occupé une place centrale lors de ce sommet.
S’exprimant avec gravité, le président sierra-léonais Julius Maada Bio, également président en exercice de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao, a appelé à renforcer une organisation désormais réduite à 12 membres après le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Selon lui, la consolidation de l’institution reste indispensable pour garantir la stabilité régionale.
Le chef de l’État sierra-léonais a insisté sur la nécessité de combattre sans relâche le terrorisme afin de favoriser une intégration régionale plus poussée. Il a annoncé que les ministres des Finances et de la Défense travaillent à la mise en place d’un mécanisme de financement durable et au lancement, d’ici fin 2026, d’une brigade antiterroriste régionale forte de 1 650 hommes. Julius Maada Bio a toutefois rappelé l’importance de concilier sécurité, bonne gouvernance, éducation et création d’emplois.
Sur le terrain de la gouvernance démocratique, les dirigeants ouest-africains ont affiché une unité de principe, malgré des sensibilités parfois divergentes. Tous ont réaffirmé leur opposition catégorique aux changements anticonstitutionnels de gouvernement. « Les coups d’État constituent un recul pour nos pays. La Cédéao applique une tolérance zéro face à ces pratiques », a déclaré le président de la Commission de la Cédéao, Umar Alieu Turay, soulignant la réactivité de l’organisation lors des événements récents au Bénin, notamment avec l’intervention rapide du Nigeria.
Menaces de sanctions ciblées
Dans le prolongement de cette position, les chefs d’État ont rejeté le programme de transition proposé par la junte militaire au pouvoir en Guinée-Bissau. Ils ont exigé un retour immédiat à l’ordre constitutionnel, appelant à une transition courte, inclusive et largement représentative des forces politiques bissau-guinéennes.
La Cédéao a également réclamé la libération de tous les prisonniers politiques et des membres de la société civile détenus depuis l’interruption du processus électoral. Si aucune sanction immédiate n’a été annoncée, les dirigeants ont néanmoins brandi la menace de mesures ciblées contre toute personne entravant la mise en œuvre des recommandations. Une mission de haut niveau devrait se rendre prochainement à Bissau pour engager des discussions avec les autorités de fait.
En conclusion, Julius Maada Bio a exhorté ses homologues à œuvrer pour faire de la Cédéao un espace d’opportunités plutôt qu’un foyer de crises. Il a notamment évoqué l’horizon 2027, marqué par le lancement envisagé de la monnaie unique régionale. Le Sénégal jouera un rôle clé dans cette perspective, puisqu’un de ses ressortissants prendra, dès juillet prochain, la présidence de la Commission de la Cédéao. Le président Bassirou Diomaye Faye devrait annoncer son choix dans les mois à venir.
